Le passage de l’Espace et du Temps

Le land Art comme témoignage

L’intuition du Temps et de L’Espace dans leur naturalité, constitue Ia matière brute sur Iaquelle intervient Ie CoIlectif PAR Ill. L’essentiel du travail consiste à mettre en situation des objets naturels au sein d’une nature vierge de toute influence humaine. Ce peut être ainsi quelques fleurs sauvages disposées le long d’un talus dont la réalisation s’avère éphémère, compte tenu du vent. Ce peut être également, un sol jonché de particules volcaniques dans lequel sont pratiquées des ornières qui, durant un court moment, laissent apparaître à l’air libre des zones sombres et humides. Le résultat ainsi obtenu se caractérise par une durée éphémère du fait de l’altération inévitable des éléments naturels soumis au vent, à l’eau et à la course ininterrompue du soleil dans le ciel.

L’intervention dans sa réalisation objective, révèle la subjectivité des artistes dans un choix qui se renforce au moyen d’un regard photographique conçu comme témoignage des sensations vécues dans l’instant, et c’est pourquoi il importe que s’instaure une véritable symbiose, au travers de laquelle s’expri­me la volonté de faire corps avec le lieu.

La plasticité naturelle des sites engendre l’expérience émotive, qui à son tour suscite la réalisation d’une image esthétiquement pure. Aussi, dans cette captation photographique de l’éphémère et du périssable, l’accent est porté sur le caractère singulier des merveilles de l’lIe de La Réunion, qui par l’intermédiaire du témoignage laisse transparaître le sentiment de l’urgence et de ·l’instantanéité, car le Land Art du collectif PAR Ill s’articule autour de cette notion temporelle selon laquelle il faut vivre et ne faire qu’un avec les éléments.

C’est le travail de ces trois jeunes artistes que nous voudrions vous donner à voir dans ce qu’il offre de fusionnel.

Extrait du catalogue « Le passage de l’espace et du temps », 1997

Pluriel féminin

« Pluriel Féminin » est né de contacts qui se sont noués à l’Artothèque du Département de la Réunion, centrale d’information de l’actualité artistique locale, immédiate et future, également aiguillage vers les lieux de diffusion périphériques, prise directe avec les mouvances des créateurs, reflet de l’activité artistique sur l’île, qui évolue, progresse avec le mouvement des flux et reflux des individus comme ceux des vagues de l’océan limitrophe.

Il y a les visites d’ateliers, par courtoisie, par curiosité et par affinité.

Dans la programmation pour 1996 de l’Artothèque, sous le titre générique « 2 or – 97-4 », six artistes réunionnais qui vivent en France métropolitaine, exposeront leurs œuvres dans l’île. En préambule à ce parti pris, il convient de poser quelques postulats, des questionnements sur la création insulaire.

Le choix singulier de ne présenter que des artistes­femmes dépasse le cadre du calendrier commémo­ratif, correspond au symbole allégorique de l’île-femme :

« Dans notre lit tous les monstres

Nous mettrons

Pour toi que j’aime plus au monde

Je mettrai les flores et les faunes

Les anges les hommes et les nonnes

dans notre lit

profond comme la mort … »

Jean-Henri Azéma

lie, Femme ouverte comme la baie

« D’azur à perpétuité »

L’île se constitue d’apports éphémères transitoires mais aussi de définitives ou provisoires ruptures géographiques, climatiques, affectives.

Les artistes de l’exposition inscrivent leur vie et non seulement leurs œuvres dans l’espace Réunion. Elles créent ici à partir d’un projet volontaire, hors com­mande ponctuelle.

Dan Chan et Pélagie Gbaguidi ont débarqué dans l’île, il y a moins d’un an. L’une est d’origine chinoise, l’autre du Bénin. Elles déballent leurs bagages. Toutes les deux sont diplômées d’écoles d’art européennes et leurs tableaux gardent la mémoire des lieux d’origine, par l’utilisation de glacis et de laque, par les tons terre et feu. Leurs premières œuvres locales contiennent le cheminement, les glissements d’une culture d’origine vers une autre d’adoption.

Sophie Lavaux se cherche entre les hémisphères Nord et Sud depuis plus longtemps. Elle navigue entre sculp­ture et peinture, entre naïf et abstrait.

Sylvie Chevallier et Dolaine Fuma Courtis sont allées chercher en Bourgogne ou en Bretagne les formations qui leur manquaient à la Réunion. De cette ouverture, elles ont rapporté les bases, non révélées là-bas de leur expression personnelle.

Chez la première les formes humaines se fondent de plus en plus dans des paysages colorés. Pour l’autre, le métier de tisserand a laissé la place au ciseau du sculpteur sur pierres volcaniques.

La liste des femmes-artistes est longue à la Réunion : Adèle Fernand, Claire Grosset, Mme Joséphine, D. Roubane, R. Goubet, D. Velloupoullé, A.M. Valencia, D. Jauze (la liste n’est pas exhaustive, bien sûr). Elles sont actives et manient leur art avec les exigences familles et professionnelles. Elles persévèrent dans leur travail et sont une composante – « debout» – de la culture vivante.

« D’azur à perpétuité

J’en appelle à tous !

D’ailleurs autrefois et d’ici aujourd’hui

Du Gange à la Rivière des Roches

Du Finistère à notre Pointe de Bretagne

De Macao et Canton en Poésie Eurasienne

Du silence à la Terre-Bardzour-Granmoune

A l’Est de Tamatave

Nous émettons par Cinquante Mille Signes

Que se crée ici

Notre patrie quotidienne et solidaire …

Les signaux commencent à nous revenir

En réémetteurs Va/val avec l’écho

Des Muselés reclassés

Aux Quartiers-Trois-Lettres … et plus

Du Vingt-Décembre Mil-Huit-Cent-Quarante-Huit. »

Cet appel de G. Aubry dans « Sois Peuple-Mystique marronnage » aux artistes « qui feront de la Réunion une terre d’avenir » résonne dans le concert riche de la création insulaire généreuse.

Wilhiam Zitte, Arto 97-4, In catalogue « Pluriel Féminin », 1996

Art vavangue

Jean, crayon à la main …

Avant le temps des aides publiques, de l’île (Région et Conseil Général) et de l’Etat, de l’Europe même, en attendant celles de la C.O.I., la création artistique et culturelle était écrasée par les complexes du provincialisme. Qu’on imagine combien ils pouvaient être amplifiés la distance Réunion-France, par ce provincialisme maladif que cultivait l’île­misère, écrasée de soleil et d’inégalités, caricature d’eugénisme réalisé, à laquelle la départementalisation désirée apparut vite comme un « tarzema » (1) … C’est dans ce contexte que Jean Albany créait, stimulé par Paris, par Saint-Germain des Prés comme le montre le beau film à trois versions de Jacques Baratier : « L’ami abusif », « Vavangue » et « Mon île était le monde » … Revenir devint son verbe-clef.

Bien des jugements qui sont portés en ce moment sur Jean Albany dont le nom, à lui seul, est déjà une aura, dont la notoriété va des milieux les plus populaires aux classes aisées, mais que, bien sûr, tel un vulgaire Leconte de Lisle, ou même de sacrés Marius­Ary Leblond, on ne lit pas , on ne connaît pas, bien de ces jugements sont hâtifs, parfois injustes, bien sûr réducteurs, parce qu’ inspirés par des circonstances, des contrastes, des effets-de­retour. ..

Jean Albany-l’écrivain a bénéficié de commentaires, d’études (2), de rééditions, d’éditions posthumes (« Amour Oiseau Fou », et l’excellent « Croix-du-Sud »), d’expositions de photos (« Le Paris de Jean Albany » ,85-86), et même d’une popularisation par les sons de sa voix et par ses chansons mises en musique (cassette « Chante Albany ! » tirée et vendue à 2000 exemplaires de 78 à 93, hors de tout système commercial).

Il restait à découvrir Jean Albany-le peintre. Mais ce mot convient-il ? Des expositions eurent lieu, notamment au Musée Léon Dierx, qui, présentant tout, dans une ambiance d’affectueuse ferveur amicale, prenaient le risque d’enfermer Albany dans l’apparence d’un tout achevé : c’était tout ce qu’on connaissait de lui à l’époque … L’enfermer dans une image de peintre, ce qu’il n’était pas, à proprement parler.

Dix ans après sa disparition, voici que l’exposition de l’Artothèque résulte d’une redécouverte : celle de ses « effets »-ô combien nombreux-rapatriés par sa famille dans l’île, alors que le « 7, Rue du Dragon » qui était « Chez l’auteur », mention célèbre de ses livres, tous produits à compte d’auteur, devient fin 94 l’immeuble réquisitionné par les amis de l’Abbé Pierre ! Etranges retours du sens que Sylvie Albany, son épouse, nous signalait depuis la Guyane où elle réside …

Au lieu d’un tout, une rétrospective qui semblerait placer la peinture à l’huile au rang des « aboutissements », l’exposition « Art – vavangue » met l’accent sur les recherches très spontanées, crayonnées, ou tracées d’un pinceau d’aquarelle léger et rapide, ou liées à des aperçus, des coups d’œil, des sensations fortes, comme celle qui suscita cette belle vision de pêche à la « sène » que l’exposition nous révèle. Il y a plein d’autres petites choses à découvrir.

On ne cherche pas, par cette expo à nous prouver : « Voyez tout ce qu’il savait faire !’’ C’est autre chose qui a guidé le choix du commissaire de l’exposition : sans chercher le didactisme, il nous a confronté çà et là des recherches de matières, de sujets, de transpositions très différentes. Il en a appareillé d’autres qui avaient une parenté. Ainsi les recherches abstraites d’Albany, que le film de Baratier nous avait révélées : on aimerait en voir plus, elles sont sous la varangue de la « maison Mas » …

Il y a toutes ces « crayonnades », que je fais volontiers rimer avec promenades, et qui sont bien l’esprit de « v a v a n g u e », disponibilité sensuelle et hyper-réceptive aux formes, couleurs et signes humains du monde, signes divins peut-être aussi.

Marins de Djibouti, croquis faits à Tananarive, vues éthérées des îles cyclades (« Archipels » demeure le livre le plus méconnu d’Albany : il y parle de la Grèce qui, avant « Stamboul », l’envoûta), portrait de son Tonton Alfred … qui devint aussi une chanson chantée par Alain Péters ! Place de Fustenberg à St Germain des Prés. Minarets. Soleils couchants sur des récifs faits d’un trait, d’une éraflure …

Toute cette production ici partiellement montrée, s’il fallait la « référencer », comme disent les professeurs d’Ordre, on verrait un peu de tout dans l’ambiance de sa réalisation. Les influences si diverses, en tous cas, dans le choix que voici présenté à l ‘Artothèque, me semblent se fondre dans une légèreté, une liberté albanyennes … Dans la hardiesse contenue : il y a ici des recherches personnelles jamais exposées que Pierrot Yidot et Wilhiam Zitte redécouvrirent, fin 94, cachées parfois entre des paquets de feuillets écrits …

Le dialogue entre les croquis et les textes se fait parfois dans la marge, avec des hardiesses comme ce sexe dressé qui exprime l’étonnement de la vie recréée malgré tout, partout… La vocation poétique de Jean naquit presque sous les bombes, en Sologne, pendant l’exode, en 1940. Son seul enfant, Ludo, fut conçu et naquit en temps de Créolie, dans une soixantaine qui apportait au poète la tardive reconnaissance de son île en ébullition de jeunesse abondante …

Jean Albany avait préétabli une sorte de système esthétique dont le grand retour au Créole (comme langue) et au pays créole fut le pivot central : il fut introducteur du modernisme à La Réunion, peut-être, mais introducteur créole, c’est ce qui compte. A l’époque où bien des gens de passage s’amourachaient de l’île, au point d’un laisser même, parfois, une recherche enamourée (Je pense à Raphaël Ségura), Jean Albany qui vivait en marge des grands regroupements idéologiques divisant l’île dans les années soixante et soixante-dix, vivait sans tapage la prééminence d’un hédonisme inspiré par l’Art, où pointait de plus en plus un « vouloir créole » que la caricature maintenant attachée au mot « Créolie » trahit bien sûr.

En somme cette exposition d »‘Art-vavangue » né de l’exil est l’envers d’un doudouisme même si les thèmes traités peuvent y faire penser. Albany a retrouvé son pays populaire en force via la chanson : il en a écrit beaucoup, fut le seul à publier des chansons avant qu’elles soient chantées. L’essentiel de ses efforts est dans cette dimension, pas dans les recherches plastiques. Celles-ci sont des condensations passagères qui, tout compte fait, vivent encore de leur caractère spontané et « trouveur », même si parfois la technique picturale fait défaut, ou n’est essayée que pour une œuvre…

On me dit que Georges François, poète créole de la fin du temps colonial, peignait, en tous cas Léon Dierx peignait aussi. Y a-t-il eu d’autres écrivains-peintres dans l’île ?

Avec Albany une ivresse libertaire passe par tous les signes laissés par l’auteur de « Zamal » (il fallait oser ce titre). Les « Entretiens avec Jean Albany » (Ader, 94) permettent de découvrir quelqu’un qui « touchait à tout » et aurait fait un merveilleux Directeur de maison de la Culture. Les édiles de l’époque n’ont pas su prendre les bonnes décisions, comme pour les systèmes de transports, comme pour l’Urbanisme … Alors que nous subissons leurs bévues dans nos vies quotidiennes, ce que laisse Albany, lui, continue à « émettre » un oxygène créatif, mais intime, sans ligues ni drapeaux.

Alain Gili

Extrait du catalogue « Art vavangue »

(1) des bobards …

(2) Comme : D.R. Roche « Lire la poésie réunionnaise Contemporaine’’ : Carpanin Marimoutou  »L’île écriture ».

Pilon et Kalou 97-4

Après PK 1 Nouveaux Mondes, voici la suite de l’exploration des signes de l’identité réunionnaise : le pilon / kalou, objet fondamental de la cuisine réunionnaise, menacé, concurrencé par les nouveaux mixeurs électriques. Il ne s’agit pas de défendre, sur le mode nostalgique, un objet artisanal qui serait en voie de disparition. Le pilon se vend bien sur les marchés ! PK 97-4 fait la promotion artistique de l’objet et rend la mémoire à un pilon amnésique.

Au début, un enseignant veut constituer le « musée de la classe ». Ses élèves lui apportent des outils, de la vaisselle, des photos et des pilons hors d’usage, cassés ou percés. Les objets sont triés, identifiés, classés et présentés sur des étagères dans l’espace de la salle de classe. Les pilons deviennent les pièces vedettes de la collection : témoins de l’histoire des familles, de l’île, du monde ; médiateur pour s’approprier des échelles historiques de proximité.

Plus tard, Gilbert Clain présente aux élèves ses œuvres, dont un pilon sculpté en basalte vert : l’artiste avait donné une dimension poétique à l’objet ordinaire… la collaboration se poursuit entre la classe et le sculpteur. C’est à ce dernier que les élèves pensent pour fixer à Piton Rouge le souvenir de leurs excursions au pays des Noirs Marrons. Il réalise cinq sculptures qui délimitent un espace sacré dans le cratère de Piton Rouge. Le tailleur de pierres donne corps au rêve des enfants.

L’enseignant avait retenu la poésie des pilons et des kalous… Il en accumulait chez lui, à ne plus savoir où les entreposer. Il les dénichait dans les cours, dans les décharges publiques. Les seuls cadeaux qu’il acceptait de ses amis étaient ces pilons, ces kalous. Comme attirés par un aimant, ils affluaient chez lui, provoquant à chaque trouvaille, à chaque récupération, un bonheur qu’il faisait monter en lui comme un chant d’action de grâce.

L’instituteur habitait dans la même cour que le propriétaire de son logement. Celui-ci, qui était artiste, voyait s’accumuler les pilons indigènes dans la petite case. Les deux hommes partageaient une intense solitude volontaire et une mobilisation culturelle inspirée.

L’artiste voulu amplifier la dimension poétique et artistique d’un objet de la réalité populaire. Il devient l’archéologue d’objets devenus invisibles d’une civilisation secrète. Il allait les recueillir – droit d’épaves – dans les dépôts d’ordures, où les chercheurs exhumeront ceux qui y gisent encore. Il s’encombrait de considérations théosophiques, rêvait de transsubstantiation et d’avatars : quels effets produisent les particules du volcan à l’intérieur du corps lorsqu’elles sont quotidiennement ingérées ?

C’est ainsi que se constitua le culte du pilon / kalou. Loukanou, écrivains, sculpteurs, photographe, artisans ont participé à la célébration. L’invocation commune à créé une dynamique au-delà même de l’objet usuels. Chacun, sur les ressources propres de son art, a fait se rencontrer les formes de la réalité et les mythes et symboles qui les sous-tendent ou qui les constituent. Objet artisanal ou œuvre d’art, le pilon / Kalou, ainsi célébré sous toutes ses figures, s’articule au réel inconnu de la terre réunionnaise. Il ne cèle ni ne dévoile rien, il fait signe… encore.

Le peintre s’approprie les vues aériennes qui lui évoquent des fortifications, des panneaux de signalisation. Il définit une scénographie, dessine des consoles-autels et des teintures-rideaux. Il met en rapport les acteurs de l’exposition.

Bruno Cadet fait graviter les pilons dans des espaces virtuels. Images de synthèses réunionnaises comme celles de François Orré.

Bernard Lesaing photographie les pilons en situation comme un peintre le ferait d’une nature morte.

Les sculptures interprètent la partition des tailleurs de pierre anonymes.

Claude Berlie Caillat perçoit la vie intérieure du Kalou. Digema élève impuissant totem. Apeha fait porter le pilon dans un atlas cariatide. Jean-Paul Barbier le pose en nid sur une branche.

Les formes anatomiques de Jean-Marie Turpin enserrent un pilon et un kalou.

Eric Pongérard sublime le pilon en puissance.

Gilbert Clain se laisse aller à des variations virtuoses.

Les légendes des écrivains suppléent l’histoire ou la prennent à son défaut : Graziella Leveneur, Rose May Nicole, Éric Antoine Boyer, Alain Gili et Carpanin Marimoutou écrivent quelques pages du long récit informulé des pierres réunionnaises.

Le Conseil Général agrée les propositions de monstration des pilons et Kalous de La Réunion formulées par l’Association Loukanou.

A l’Artothèque, la boucle est bouclée : PK1 – PK974-4.

Pendant la durée de l’exposition, les pilons de l’île pourront faire monter en polyphonie leur chants au-delà des cuisines.

Cette exposition est dédiée à tous les usagers fidèles des pilons et des kalous. A tous ceux qui, sont le savoir parfois, se nourrissent de l’énergie même du volcan.

Wilhiam Zitte

Saint-Leu, île de La Réunion, 1er février 1994

Extrait du catalogue Pilon Kalou PK 97-4