ENLACEE

Numéro d'inventaire : 2008.05.01
Auteur : TINLOT Johanna
Date de création : 2008
Domaine : Photographie
Matière technique : Photographie
Mesures :
Hauteur en cm : 40
Largeur en cm : 26,5

Description analytique : Après son Diplôme national supérieur d’expression plastique (DNSEP) à l’école supérieure des beaux-arts de La Réunion en 2010, Johanna Tinlot se dirige aujourd’hui vers le son et le travail de sa voix, associés à des performances. La jeune artiste aime jouer et se passionne pour les voyages, les rencontres avec d’autres cultures. A partir des objets rapportés d’ailleurs, elle invente les costumes multicolores et multi-matières d’un folklore inventé et en habille son corps qu’elle photographie à l’échelle 1, sur fond noir, dans une position de face, debout et raide. Elle change ainsi perpétuellement d’identité. Puis, elle se met à chanter, en direct et en costume, fragile et un brin espiègle, en superposant des sonorités venues d’autres contrées, qui se mêlent grâce à l’amplificateur qui enregistre la voix et la restitue en échos mille fois répétés. Exactement comme les mouvements de son corps nu, dansant des danses étranges, se superposent dans des vidéos en ombres chinoises. Une femme-orchestre de la culture mondiale est en scène, elle joue, se déguise, chante et danse, avec un sérieux presque enfantin, le tout dans un fantasme d’interculturalité où les richesses s’unissent pour inventer une culture nouvelle, d’autres traditions, un autre langage, universel, qu’elle voudrait créer. « Un voyage entre réalité et fiction » dit-elle. Mais attention à la perte des identités dans une uniformisation possible… Avec Enlacée, elle obtient en 2008 le prix « photo » du concours « Célimène », organisé tous les ans par le Conseil Général de La Réunion. Cette œuvre est la trace photographique d’une performance où l’artiste, ayant couvert son dos d’une dizaine de piercings, se fait lacer la peau comme s’il s’agissait d’un corset, mais pas seulement. Le fil rouge signale l’érotisme de la scène, la posture prise par l’artiste pour la photographie aussi, qui en plus de trace se fait référence à la peinture, aux dos des femmes nues de Ingres à Man Ray. Le fond noir ajoute encore à la plasticité de l’image. Le drapé bleu présent sur la droite de la photographie, pourrait bien être une autre référence à la peinture, de la Renaissance cette fois. La robe bleue abandonnée serait-elle la cape céleste de Marie, laissant apparaître ce corps mortel, érotique et souffrant, redoublé par le rouge du lacet, la plus simple expression de la robe de chair et de sang que la Vierge porte sous son divin manteau. Certes, cette photographie peut évoquer les rapports qu’entretient la femme avec son apparence, et parfois se sentant enfermée dans les canons arbitraires de la beauté féminine. Mais ici, la peau, la chair, semblent aussi mises au service d’un érotisme un peu désuet. En effet, le corset n’a plus cours et les piercings sont à la mode. Ce vêtement-peau risque bien d’être arraché par trop de serrage, on frise une perversité douce, un peu frivole. D’ailleurs cette photographie fait partie d’une recherche sur les corps érotiques à travers le monde, lien avec le travail actuel. Notons le jeu de mot dans le titre de l’œuvre. Isabelle Poussier, janvier 2011 "Cette photographie est le résultat d'une rencontre avec une jeune femme qui tient un magasin de piercing et qui souhaitait réaliser un corset de chair en perçant 10 anneaux dans la peau du dos, relier par la suite avec un ruban. J'ai montré les traces de cette performance sous la forme d'une photographie et j'ai choisi une mise en scène douce et esthétique pour contraster avec la violence et l'agressivité des piercings. Je joue sur l'ambiguïté de la photographie qui nous partage entre deux sentiments, l'attirance et la répulsion, la séduction et le dégoût. Cette photographie parle du rapport entre la femme et son apparence, enfermée dans les canons de beauté féminins. Je me suis investie personnellement dans ce travail, physiquement et psychologiquement car j'ai dû passer par le seuil de la douleur." Johanna Tinlot

Exposition :
Référence : Célimène 2008 Villa du Département 07/03/2008 19/03/2008
Date de début : 2008-03-07T05:39:51.000000Z
Date de fin : 2008-03-19T05:39:51.000000Z
Description : Dans le cadre de la Journée de la Femme, le Conseil Général a organisé pour la 4ème année, un concours de créativité ouvert aux femmes artistes amateurs, et destiné à faire découvrir de nouvelles expressions artistiques dans le domaine des arts visuels (peinture, sculpture, photographie). Le thème était libre. Sur proposition d’un jury d’experts, quatre prix ont été décernés : - Le « PRIX CELIMENE » : Melle Sylvie CHAN-LIAT pour son œuvre photographique intitulée « Rêves d’enfant » - Le « Prix Peinture » : Melle Alexandra PALAVASSON pour la réalisation d’une oeuvre « Femme d’ici et d’ailleurs » - Deux « Prix dans la catégorie photographie» : Johanna TINLOT « Enlacée » Stéphanie DUBOSQ « La dentelière ». L’exposition s'est tenu du vendredi 7 mars au mercredi 19 mars 2008 de 9h à 16h30 (sauf les week-ends) à la Villa du Département.


Mots clés :
figure - figures - représentation humaine - genre iconographique - FEMME - PERSONNAGE - AGE ET SEXE - ETRE HUMAIN - ANATOMIE - SCIENCES PURES - NUDITE - CORPS DEVETU - LE CORPS HUMAIN - ETRE HUMAIN - ANATOMIE - SCIENCES PURES - VIOLENCE - RELATION AGRESSIVE - RELATION PAR ACTION - MODE DE RELATION SOCIALE - RELATION SOCIALE - SOCIOLOGIE - SCIENCES SOCIALES -