RAINBOW II
Numéro d'inventaire : 2003.04.01
Auteur : QIU Zhijie
Date de création : 1996
Domaine : Photographie
Matière technique : Photographie en tirage argentique couleur
Mesures :
Hauteur en cm : 37
Largeur en cm : 50,5
Description analytique : Qiu Zhijie est un artiste chinois contemporain présenté du 31 août au 20 décembre 2002 à l’occasion d’une exposition collective « Matière à penser » à l’Artothèque. C'est sur un fond de contestation globale de la société, sorte de dissidence culturelle conduite par l'idéologie hippie au cours des années soixante qu'apparaît l'Art corporel (en Europe) ou Body Art (aux Etats Unis). En rupture totale avec les pratiques artistiques traditionnelles, certains artistes ont fait de leur corps un médium d'expression formelle, l'exposant parfois aux situations les plus extrêmes, l'inscrivant avec force dans un discours engagé et subversif visant à perturber, changer ou remettre en question les anciennes valeurs, les modes de vie traditionnels et le pouvoir établi. Le recours à la photographie, par ces artistes présentant leur propre corps, répondait alors à un besoin de témoigner d'une action ou d'une performance éphémère. Rapidement la photographie fut intégrée au processus de création, dans une relation où l'artiste lui-même venait faire corps avec son œuvre. C'est cet état de connivence liant le médium photographique et le corps de l'artiste que nous révèlent les expériences de trois plasticiens d'origine et de culture différentes: Julia Tiffin (Sud-Africaine), Qui Zhijie (chinois), et Thierry Fontaine (Français). Cette adéquation corps-photo apparaît comme un passage entre le sensible et l'intelligible. L'artiste interroge la réalité, nous la montre toujours plus évanescente, légère, insaisissable. Qu'est-ce qu'un corps, qu'est-ce que la matière? La science moderne l'interroge encore. L'artiste perçoit également cette indécision, la fragilité de cette notion. Une sorte de connexion essentielle existe entre le corps et la photo par leur temporalité et l'idée d'un processus en permanente transformation. Mais aussi, comme le corps - support des principes spirituels, qui figure l'homme, qui en est l'image - la photo est le support d'une image bidimensionnelle où l'épaisseur corporelle est supprimée. Dans cette alchimie identitaire, la pellicule photographique devient une seconde peau, la pensée s'inscrit dans la chair de l'artiste, du corps photographié semble se dégager son univers intérieur, son univers mental. En choisissant de se limiter à la surface, le créateur invente une nouvelle réalité. Une réalité située au-delà de tout, avec une autre profondeur; une profondeur différente logée dans le domaine du possible, du non réalisé. Au cœur de cette entente secrète, la notion de distance en est la clé. Tout se joue au travers de l’œil, symbole de la perception intellectuelle et organe de la perception visuelle qui sépare le sujet et l'objet. Par l'intermédiaire de l'image photographique, le corps est mis à distance et agit, à égalité avec la photo, comme un médium. Par le regard séparateur qui permet de reconsidérer la matérialité, nous pénétrons dans le domaine de la pensée, indissociable de l'activité créatrice dans laquelle l'artiste engage son propre corps. C'est par le corps que la pensée émerge, les frontières entre esprit et matière sont désormais gommées et le savoir scientifique le confirme, à présent, en offrant une autre conception de l'homme et de son univers qui bouleverse la raison ordinaire. Ces « photographies corporelles » ou métaphores visuelles éclairent la relation continue et sans limite, l'identification entre ce qui est donné à voir, le corps de l'artiste. (…) Le signe incarné La complicité de l'image et du signe, dans le travail de Qui Zhijie, permet d'accéder au monde invisible où la parole n'a plus cours, où elle ne peut plus rien. Une fois de plus, la photo intervient comme le médium privilégié où se mêle le champ social et graphique du discours de l'artiste. Là encore, le corps participe de cette médiation. Tattoo I et II confirment cette égalité des surfaces corps-photo en jouant sur distorsion des plans de la photographie. Le corps est réduit à la planéité du papier, pressé, riveté, calligraphié. Le signe et l'image s'entremêlent, le corps de l'artiste les lie, sa pensée, son discours sont rendus visibles. Le caractère chinois « bù », (ne pas) qui est la négation, l'interdit, est une critique de la société réduisant l'individu à l'inaction, entamant ses pouvoirs créatifs et participant à l'effet uniformisant de l'environnement sur le citoyen auquel il est fortement recommandé de faire corps avec les préceptes sociaux. Si le tatouage est le plus souvent, signe d'infamie, les pratiques d'inscriptions corporelles, généralement, exclues, c'est que le corps de l'individu est toujours nié au profit du corps social dont il n'est que membre. Sa formation en calligraphie, art suprême en Chine, a, sûrement, pour Qui Zhijie, été déterminante dans la conception de ses « photographies » corporelles ». L'artiste y a puisé ce même sens qui permet de donner corps au caractère et celui appartenant à son propre corps. A travers la calligraphie c'est l'être intérieur qui se révèle et accède au visible. Les pilules colorées qui ponctuent la photo intitulée Rainbow II et les seringues aux couleurs de l'arc-en-ciel alignées et fichées le long du bras (Rainbow III), sont autant de signes qui pénètrent le corps et semblent apporter le bien-être quelque peu factice qu'une société de consommation peut, en contrepartie, apporter à l'individu. En s'inscrivant dans la chair, au plus profond de l'être, le signe acquiert une force d'évocation qui va bien au-delà de sa simple signification, la déborde. La puissance de l'image entraîne le regard dans un univers où l'effet se conjugue avec le sens pour atteindre un degré de réalité largement élevé au-delà du sens commun. Caroline de Fondaumière, catalogue « Matière à penser », 2002
Exposition :
Référence : Matière à Penser Artothèque de La Réunion 31/08/2002 20/12/2002
Date de début : 2002-08-31T05:39:45.000000Z
Date de fin : 2002-12-20T05:39:45.000000Z
Description : C'est sur un fond de contestation globale de la société, sorte de dissidence culturelle conduite par l'idéologie hipie au cours des années soixante qu'apparaît l'Art corporel (en Europe) ou Body Art (aux Etats Unis). En rupture totale avec les pratiques artistiques traditionnelles, certains artistes ont fait de leur corps un médium d'expression formelle, l'exposant parfois aux situations les plus extrêmes, l'inscrivant avec force dans un discours engagé et subversif visant à perturber, changer ou remettre en question les anciennes valeurs, les modes de vie traditionnels et le pouvoir établi. Le recours à la photographie, par ces artistes présentant leur propre corps, répondait alors à un besoin de témoigner d'une action ou d'une performance éphémère. Rapidement la photographie fut intégrée au processus de création, dans une relation où l'artiste lui-même venait faire corps avec son œuvre. C'est cet état de connivence liant le médium photographique et le corps de l'artiste que nous révèlent les expressions de trois plasticiens d'origine et de culture différentes : Julia Tiffin (Sud-Africaine), Qui Zhijie (Chinois) et Thierry Fontaine (Français)... Caroline de Fondaumière, Catalogue Matière à penser
Mots clés :
scène de genre - scènes - représentation humaine - genre iconographique - BRAS - MEMBRE - PARTIE DU CORPS - LE CORPS HUMAIN - ETRE HUMAIN - ANATOMIE - SCIENCES PURES -
Auteur : QIU Zhijie
Date de création : 1996
Domaine : Photographie
Matière technique : Photographie en tirage argentique couleur
Mesures :
Hauteur en cm : 37
Largeur en cm : 50,5
Description analytique : Qiu Zhijie est un artiste chinois contemporain présenté du 31 août au 20 décembre 2002 à l’occasion d’une exposition collective « Matière à penser » à l’Artothèque. C'est sur un fond de contestation globale de la société, sorte de dissidence culturelle conduite par l'idéologie hippie au cours des années soixante qu'apparaît l'Art corporel (en Europe) ou Body Art (aux Etats Unis). En rupture totale avec les pratiques artistiques traditionnelles, certains artistes ont fait de leur corps un médium d'expression formelle, l'exposant parfois aux situations les plus extrêmes, l'inscrivant avec force dans un discours engagé et subversif visant à perturber, changer ou remettre en question les anciennes valeurs, les modes de vie traditionnels et le pouvoir établi. Le recours à la photographie, par ces artistes présentant leur propre corps, répondait alors à un besoin de témoigner d'une action ou d'une performance éphémère. Rapidement la photographie fut intégrée au processus de création, dans une relation où l'artiste lui-même venait faire corps avec son œuvre. C'est cet état de connivence liant le médium photographique et le corps de l'artiste que nous révèlent les expériences de trois plasticiens d'origine et de culture différentes: Julia Tiffin (Sud-Africaine), Qui Zhijie (chinois), et Thierry Fontaine (Français). Cette adéquation corps-photo apparaît comme un passage entre le sensible et l'intelligible. L'artiste interroge la réalité, nous la montre toujours plus évanescente, légère, insaisissable. Qu'est-ce qu'un corps, qu'est-ce que la matière? La science moderne l'interroge encore. L'artiste perçoit également cette indécision, la fragilité de cette notion. Une sorte de connexion essentielle existe entre le corps et la photo par leur temporalité et l'idée d'un processus en permanente transformation. Mais aussi, comme le corps - support des principes spirituels, qui figure l'homme, qui en est l'image - la photo est le support d'une image bidimensionnelle où l'épaisseur corporelle est supprimée. Dans cette alchimie identitaire, la pellicule photographique devient une seconde peau, la pensée s'inscrit dans la chair de l'artiste, du corps photographié semble se dégager son univers intérieur, son univers mental. En choisissant de se limiter à la surface, le créateur invente une nouvelle réalité. Une réalité située au-delà de tout, avec une autre profondeur; une profondeur différente logée dans le domaine du possible, du non réalisé. Au cœur de cette entente secrète, la notion de distance en est la clé. Tout se joue au travers de l’œil, symbole de la perception intellectuelle et organe de la perception visuelle qui sépare le sujet et l'objet. Par l'intermédiaire de l'image photographique, le corps est mis à distance et agit, à égalité avec la photo, comme un médium. Par le regard séparateur qui permet de reconsidérer la matérialité, nous pénétrons dans le domaine de la pensée, indissociable de l'activité créatrice dans laquelle l'artiste engage son propre corps. C'est par le corps que la pensée émerge, les frontières entre esprit et matière sont désormais gommées et le savoir scientifique le confirme, à présent, en offrant une autre conception de l'homme et de son univers qui bouleverse la raison ordinaire. Ces « photographies corporelles » ou métaphores visuelles éclairent la relation continue et sans limite, l'identification entre ce qui est donné à voir, le corps de l'artiste. (…) Le signe incarné La complicité de l'image et du signe, dans le travail de Qui Zhijie, permet d'accéder au monde invisible où la parole n'a plus cours, où elle ne peut plus rien. Une fois de plus, la photo intervient comme le médium privilégié où se mêle le champ social et graphique du discours de l'artiste. Là encore, le corps participe de cette médiation. Tattoo I et II confirment cette égalité des surfaces corps-photo en jouant sur distorsion des plans de la photographie. Le corps est réduit à la planéité du papier, pressé, riveté, calligraphié. Le signe et l'image s'entremêlent, le corps de l'artiste les lie, sa pensée, son discours sont rendus visibles. Le caractère chinois « bù », (ne pas) qui est la négation, l'interdit, est une critique de la société réduisant l'individu à l'inaction, entamant ses pouvoirs créatifs et participant à l'effet uniformisant de l'environnement sur le citoyen auquel il est fortement recommandé de faire corps avec les préceptes sociaux. Si le tatouage est le plus souvent, signe d'infamie, les pratiques d'inscriptions corporelles, généralement, exclues, c'est que le corps de l'individu est toujours nié au profit du corps social dont il n'est que membre. Sa formation en calligraphie, art suprême en Chine, a, sûrement, pour Qui Zhijie, été déterminante dans la conception de ses « photographies » corporelles ». L'artiste y a puisé ce même sens qui permet de donner corps au caractère et celui appartenant à son propre corps. A travers la calligraphie c'est l'être intérieur qui se révèle et accède au visible. Les pilules colorées qui ponctuent la photo intitulée Rainbow II et les seringues aux couleurs de l'arc-en-ciel alignées et fichées le long du bras (Rainbow III), sont autant de signes qui pénètrent le corps et semblent apporter le bien-être quelque peu factice qu'une société de consommation peut, en contrepartie, apporter à l'individu. En s'inscrivant dans la chair, au plus profond de l'être, le signe acquiert une force d'évocation qui va bien au-delà de sa simple signification, la déborde. La puissance de l'image entraîne le regard dans un univers où l'effet se conjugue avec le sens pour atteindre un degré de réalité largement élevé au-delà du sens commun. Caroline de Fondaumière, catalogue « Matière à penser », 2002
Exposition :
Référence : Matière à Penser Artothèque de La Réunion 31/08/2002 20/12/2002
Date de début : 2002-08-31T05:39:45.000000Z
Date de fin : 2002-12-20T05:39:45.000000Z
Description : C'est sur un fond de contestation globale de la société, sorte de dissidence culturelle conduite par l'idéologie hipie au cours des années soixante qu'apparaît l'Art corporel (en Europe) ou Body Art (aux Etats Unis). En rupture totale avec les pratiques artistiques traditionnelles, certains artistes ont fait de leur corps un médium d'expression formelle, l'exposant parfois aux situations les plus extrêmes, l'inscrivant avec force dans un discours engagé et subversif visant à perturber, changer ou remettre en question les anciennes valeurs, les modes de vie traditionnels et le pouvoir établi. Le recours à la photographie, par ces artistes présentant leur propre corps, répondait alors à un besoin de témoigner d'une action ou d'une performance éphémère. Rapidement la photographie fut intégrée au processus de création, dans une relation où l'artiste lui-même venait faire corps avec son œuvre. C'est cet état de connivence liant le médium photographique et le corps de l'artiste que nous révèlent les expressions de trois plasticiens d'origine et de culture différentes : Julia Tiffin (Sud-Africaine), Qui Zhijie (Chinois) et Thierry Fontaine (Français)... Caroline de Fondaumière, Catalogue Matière à penser
Mots clés :
scène de genre - scènes - représentation humaine - genre iconographique - BRAS - MEMBRE - PARTIE DU CORPS - LE CORPS HUMAIN - ETRE HUMAIN - ANATOMIE - SCIENCES PURES -