SKIN VIII
Numéro d'inventaire : 2002.05.05
Auteur : TIFFIN Julia
Date de création : 1996
Domaine : Photographie
Matière technique : Tirage gélatino-argentique au sélénium
Mesures :
Hauteur en cm : 70
Largeur en cm : 51
Description analytique : Julia TIFFIN est une artiste sud-africaine, marquée par les divisions raciales, politiques et sociales de son peuple. Ce traumatisme lié à l’apartheid est au centre de sa création et c’est cette expérience physique, sensible et intime de la réalité qu’elle cherche à retranscrire dans ses photographies en noir et blanc. Julia TIFFIN a suivi des études d’arts plastiques à l’Université du Cape Town de 1993 à 1997. Sa première exposition date de 1997, et sa photographie, engagée et subversive, est remarquée lors de l’exposition collective Matière à penser, Photographies corporelles, en 2002 à l’Artothèque de La Réunion où son œuvre est présentée au côté de celles de Thierry Fontaine et Qiu Zhijie. Comme ces deux artistes, elle place le corps au centre de sa démarche, s’inscrivant en quelque sorte dans la continuité du Body art : cet art des années 70 a remis en question le rapport traditionnel au corps, qui devient à la fois support et matériau de l’œuvre, se prêtant à toutes les transformations et mises en scène possibles. Chez Julia TiIFFIN, le corps reste un corps photographié, mais c’est comme matériau physique et chair de souffrance qu’elle l’envisage. L’Artothèque possède sept photographies de la série Skin réalisée en 1996. Dans ces œuvres, Julia TIFFIN travaille directement sur l’image, la brûle à l’acide, l’abîme, la plonge dans l’eau, puis photographie à nouveau le résultat, parfois à travers une plaque de verre qui ajoute une strate supplémentaire au processus créateur et transforme l’image première. Il en ressort une photographie où des formes boursouflées, rongées, creusées font irruption sur la peau, semblables à des cicatrices. L’artiste accorde en effet toute son importance à la matière, au grain de la peau et de l’image, à la matérialité du corps logé dans le cadre photographique, devenu surface. L’artiste crée une étroite relation entre le médium photo et le corps comme passage entre le sensible et l’intelligible : la peau fait corps avec la surface sensible de l’image, y adhère et s’altère par ce contact. Une sorte de connexion essentielle se fait entre la temporalité du corps et celui de la photo, tous deux pris dans un processus de transformation. L’image devient elle-même organique, élément en mutation qui réagit à l’acide et à l’eau, ouvrant une « plaie béante sur la peau lisse et nette d’un corps nu (qui) renvoie à l’érotisme comme une violation de l’être atteint au plus profond de son intimité», (catalogue d’exposition «Matière à penser, Photographies corporelles», p.8). Ces images opposent en effet à la sensualité et à l’esthétique de la qualité des nuances de gris, des effets d’ombre et de lumière, et des poses du corps nu et offert, la violence de ces cicatrices. Le corps est support de la mémoire, une mémoire violentée où les fibres du papier photographique se tissent aux sensations physiques et émotionnelles vécues : la peau en conserve la trace, les marques, comme à son tour l’image photographique en porte les agressions chimiques. «La peau devient (alors) le territoire où s’exprime et s’imprime toute la pensée d’un peuple» (ibidem) : un peuple en souffrance, marqué dans sa chair par les conflits raciaux. Ces images nous fascinent, nous troublent, nous intriguent, nous renvoient à d’autres photographies de corps maltraités, à d’autres formes de cicatrices comme celles des images de Sophie Ristelhueber où la terre comme le corps portent les traces indélébiles de la guerre. Dans les photographies de Julia TIFFIN, ce sont les modifications apportées par l’artiste sur l’image qui créent ces blessures dans un entremêlement des fragments de corps photographié, d’eau dans laquelle le corps semble s’enfoncer et de brûlures de l’image, qui nous atteignent au plus profond de notre chair. Delphine Colin, juin 2012
Exposition :
Référence : Matière à Penser Artothèque de La Réunion 31/08/2002 20/12/2002
Date de début : 2002-08-31T05:39:42.000000Z
Date de fin : 2002-12-20T05:39:42.000000Z
Description : C'est sur un fond de contestation globale de la société, sorte de dissidence culturelle conduite par l'idéologie hipie au cours des années soixante qu'apparaît l'Art corporel (en Europe) ou Body Art (aux Etats Unis). En rupture totale avec les pratiques artistiques traditionnelles, certains artistes ont fait de leur corps un médium d'expression formelle, l'exposant parfois aux situations les plus extrêmes, l'inscrivant avec force dans un discours engagé et subversif visant à perturber, changer ou remettre en question les anciennes valeurs, les modes de vie traditionnels et le pouvoir établi. Le recours à la photographie, par ces artistes présentant leur propre corps, répondait alors à un besoin de témoigner d'une action ou d'une performance éphémère. Rapidement la photographie fut intégrée au processus de création, dans une relation où l'artiste lui-même venait faire corps avec son œuvre. C'est cet état de connivence liant le médium photographique et le corps de l'artiste que nous révèlent les expressions de trois plasticiens d'origine et de culture différentes : Julia Tiffin (Sud-Africaine), Qui Zhijie (Chinois) et Thierry Fontaine (Français)... Caroline de Fondaumière, Catalogue Matière à penser
Mots clés :
scène de genre - scènes - représentation humaine - genre iconographique - CORPS - LE CORPS HUMAIN - ETRE HUMAIN - ANATOMIE - SCIENCES PURES - MAIN - BRAS - MEMBRE - PARTIE DU CORPS - LE CORPS HUMAIN - ETRE HUMAIN - ANATOMIE - SCIENCES PURES - VIOLENCE - RELATION AGRESSIVE - RELATION PAR ACTION - MODE DE RELATION SOCIALE - RELATION SOCIALE - SOCIOLOGIE - SCIENCES SOCIALES - DOULEUR - SENSIBILITE - COMPORTEMENT PSYCHOLOGIQUE - PSYCHOLOGIE - PHILOSOPHIE - PSYCHOLOGIE -
Auteur : TIFFIN Julia
Date de création : 1996
Domaine : Photographie
Matière technique : Tirage gélatino-argentique au sélénium
Mesures :
Hauteur en cm : 70
Largeur en cm : 51
Description analytique : Julia TIFFIN est une artiste sud-africaine, marquée par les divisions raciales, politiques et sociales de son peuple. Ce traumatisme lié à l’apartheid est au centre de sa création et c’est cette expérience physique, sensible et intime de la réalité qu’elle cherche à retranscrire dans ses photographies en noir et blanc. Julia TIFFIN a suivi des études d’arts plastiques à l’Université du Cape Town de 1993 à 1997. Sa première exposition date de 1997, et sa photographie, engagée et subversive, est remarquée lors de l’exposition collective Matière à penser, Photographies corporelles, en 2002 à l’Artothèque de La Réunion où son œuvre est présentée au côté de celles de Thierry Fontaine et Qiu Zhijie. Comme ces deux artistes, elle place le corps au centre de sa démarche, s’inscrivant en quelque sorte dans la continuité du Body art : cet art des années 70 a remis en question le rapport traditionnel au corps, qui devient à la fois support et matériau de l’œuvre, se prêtant à toutes les transformations et mises en scène possibles. Chez Julia TiIFFIN, le corps reste un corps photographié, mais c’est comme matériau physique et chair de souffrance qu’elle l’envisage. L’Artothèque possède sept photographies de la série Skin réalisée en 1996. Dans ces œuvres, Julia TIFFIN travaille directement sur l’image, la brûle à l’acide, l’abîme, la plonge dans l’eau, puis photographie à nouveau le résultat, parfois à travers une plaque de verre qui ajoute une strate supplémentaire au processus créateur et transforme l’image première. Il en ressort une photographie où des formes boursouflées, rongées, creusées font irruption sur la peau, semblables à des cicatrices. L’artiste accorde en effet toute son importance à la matière, au grain de la peau et de l’image, à la matérialité du corps logé dans le cadre photographique, devenu surface. L’artiste crée une étroite relation entre le médium photo et le corps comme passage entre le sensible et l’intelligible : la peau fait corps avec la surface sensible de l’image, y adhère et s’altère par ce contact. Une sorte de connexion essentielle se fait entre la temporalité du corps et celui de la photo, tous deux pris dans un processus de transformation. L’image devient elle-même organique, élément en mutation qui réagit à l’acide et à l’eau, ouvrant une « plaie béante sur la peau lisse et nette d’un corps nu (qui) renvoie à l’érotisme comme une violation de l’être atteint au plus profond de son intimité», (catalogue d’exposition «Matière à penser, Photographies corporelles», p.8). Ces images opposent en effet à la sensualité et à l’esthétique de la qualité des nuances de gris, des effets d’ombre et de lumière, et des poses du corps nu et offert, la violence de ces cicatrices. Le corps est support de la mémoire, une mémoire violentée où les fibres du papier photographique se tissent aux sensations physiques et émotionnelles vécues : la peau en conserve la trace, les marques, comme à son tour l’image photographique en porte les agressions chimiques. «La peau devient (alors) le territoire où s’exprime et s’imprime toute la pensée d’un peuple» (ibidem) : un peuple en souffrance, marqué dans sa chair par les conflits raciaux. Ces images nous fascinent, nous troublent, nous intriguent, nous renvoient à d’autres photographies de corps maltraités, à d’autres formes de cicatrices comme celles des images de Sophie Ristelhueber où la terre comme le corps portent les traces indélébiles de la guerre. Dans les photographies de Julia TIFFIN, ce sont les modifications apportées par l’artiste sur l’image qui créent ces blessures dans un entremêlement des fragments de corps photographié, d’eau dans laquelle le corps semble s’enfoncer et de brûlures de l’image, qui nous atteignent au plus profond de notre chair. Delphine Colin, juin 2012
Exposition :
Référence : Matière à Penser Artothèque de La Réunion 31/08/2002 20/12/2002
Date de début : 2002-08-31T05:39:42.000000Z
Date de fin : 2002-12-20T05:39:42.000000Z
Description : C'est sur un fond de contestation globale de la société, sorte de dissidence culturelle conduite par l'idéologie hipie au cours des années soixante qu'apparaît l'Art corporel (en Europe) ou Body Art (aux Etats Unis). En rupture totale avec les pratiques artistiques traditionnelles, certains artistes ont fait de leur corps un médium d'expression formelle, l'exposant parfois aux situations les plus extrêmes, l'inscrivant avec force dans un discours engagé et subversif visant à perturber, changer ou remettre en question les anciennes valeurs, les modes de vie traditionnels et le pouvoir établi. Le recours à la photographie, par ces artistes présentant leur propre corps, répondait alors à un besoin de témoigner d'une action ou d'une performance éphémère. Rapidement la photographie fut intégrée au processus de création, dans une relation où l'artiste lui-même venait faire corps avec son œuvre. C'est cet état de connivence liant le médium photographique et le corps de l'artiste que nous révèlent les expressions de trois plasticiens d'origine et de culture différentes : Julia Tiffin (Sud-Africaine), Qui Zhijie (Chinois) et Thierry Fontaine (Français)... Caroline de Fondaumière, Catalogue Matière à penser
Mots clés :
scène de genre - scènes - représentation humaine - genre iconographique - CORPS - LE CORPS HUMAIN - ETRE HUMAIN - ANATOMIE - SCIENCES PURES - MAIN - BRAS - MEMBRE - PARTIE DU CORPS - LE CORPS HUMAIN - ETRE HUMAIN - ANATOMIE - SCIENCES PURES - VIOLENCE - RELATION AGRESSIVE - RELATION PAR ACTION - MODE DE RELATION SOCIALE - RELATION SOCIALE - SOCIOLOGIE - SCIENCES SOCIALES - DOULEUR - SENSIBILITE - COMPORTEMENT PSYCHOLOGIQUE - PSYCHOLOGIE - PHILOSOPHIE - PSYCHOLOGIE -