RACINES

Numéro d'inventaire : 1997.17.06

Auteur : TURPIN Philippe

Date de création : 1985

Domaine :

Matière technique : Gravure à l'eau forte

Mesures : Hauteur en cm : 30 Largeur en cm : 24

Description : Histoires d'une vraie îleEn quête du trésorLes « arbres » et les « livres ouverts » des gravures de Philippe Turpin se confondent dans leur symbolique. Mémoire et histoire l'un et l'autre, ils délivrent les trésors de la connaissance. Dans une des gravures, des trésors imaginés au pied d'un arbre s'entremêlant aux racines tortueuses d'un noir profond amènent le spectateur à identifier ces dits « trésors » aux racines mêmes : la chasse au trésor pourrait simuler une chasse aux racines. Etranges, impossibles car ne pouvant prendre racine, sur une autre gravure, elles se développent et s'étalent sur un sol carrelé. C’est alors la raie lumineuse venue d'en Haut, pénétrant dans le feuillage et l'aspirant simultanément à sa source, qui justifierait l'existence de l'arbre. Imposante, elle ressemble à la lumière de la voix divine révélée à Saint-Augustin représenté avec ses Confessions (gravure de Philippe de Champagne). Par le biais de la grande figure, le premier à introduire l'individualité dans l'histoire et dans la foi chrétienne. Philippe Turpin nous invite à explorer ce en quoi il croit, en un mot, ses convictions.L'île est un livre En atteste le titre donné à une gravure « Livre aux trésors » : livre ouvert dont chaque page est datée : celle de gauche trouée mentionne l'année 1460 el celle de droite avec un trou à nouveau barré par un « disque », l'année 1516. Correspondent-elles à la découverte de l'île de La Réunion et à son peuplement lorsque les bateaux - hantant le livre ou les gravures - sillonnaient les mers à la découverte de nouveaux mondes ? Découvrir une île permet d'écrire un livre ou « graver » un nouveau commencement de l'histoire, un nouveau mythe de la création. Le marque-page, autre motif remarquable de la gravure, est une liane matérialisant une autre conviction du graveur : dans l'île, la nature tient lieu de lien, de racine.L'ile est la racineL'artiste la formule autrement : « L'arbre, c'est le symbole de La Réunion. Il existe sur l'île une pléthore d'espèces : six ». Philippe Turpin réalise alors un chef-d'œuvre : une empreinte de pied, plantée d'arbres se détache d'un fond et les arbres aux feuillages jaunes et verts, seules couleurs dans le monochrome bleu, remplacent les doigts. A la simple métaphore arbre-pied, succède la métaphore de l'île-pied. L'empreinte est bleue, couleur des profondeurs, comme le fond car elle désigne les dessous de l'île dans la mer : le vert et le jaune des arbres indiquent alors l'île en sa surface. Avec ces métaphores et ces couleurs topographiques, Philippe Turpin semble proposer une réponse aux réunionnais en quête de leurs racines : c'est l'île dans ses dessous et ses dessus, dans la mer et sur la mer, là où commencent notre histoire et noire mémoire.Femmes à la face cachéeSi les gravures célèbrent l'île sa légende son histoire et sa nature, les sculptures de l'artiste représentent des femmes dans des postures « barrant.. » la face intérieure de leur corps : chevelure, bras et jambes cachent visage, seins, ventre et sexe. Ainsi les agencements de formes ou de mouvements rendent invisible ce qu'il n'est pas nécessaire de voir pour savoir. La femme chez Philippe Turpin n'est surtout pas la face sexuée Elle est dans son repliement dont on voit seulement les dessus. La femme sculptée serait alors la sculpture elle-même, un art des profondeurs donné en surface.Colette Pounia

Mots clés : paysage / genre iconographique / ARBRE / PLANTE / BOTANIQUE / SCIENCES PURES /