LE SUBLIME

Numéro d'inventaire : 2008.08.03

Auteur : RACAULT Vivien

Date de création : 2007

Domaine : Photographie

Matière technique :

Mesures :

Description : Le Sublime, photographie numérique de grand format réalisée en 2007, représente un paysage de ruines (vestiges d’une ancienne demeure?), envahi de fumée et dans lequel apparaît le corps nu, transpercé d’une flèche, d’un jeune homme. L’image, narrative, semble nous suggérer une scène d’après-bataille, lorsque la fureur et la violence se sont tues, laissant derrière elle le chaos et ses victimes. Comme souvent dans les oeuvres de Vincent RACAULT, la pénombre a envahi l’image : le premier plan est plongé dans l’obscurité, faisant disparaître une partie du corps du blessé, seule le haut de son torse et son visage baignant dans la lumière. De longues colonnes de fumée s’échappent des murets, laissant deviner à l’arrière-plan la végétation : troncs d’arbres, rochers, grandes herbes... Le paysage est dévasté et semble prisonnier de cette fumée épaisse qui occupe la moitié supérieure de l’image, et qui plane, menaçante, au-dessus des ruines. La flèche qui transperce le coeur du jeune homme paraît incongrue, en décalage avec la fumée qui suggère plutôt des coups de canon. La lumière qui éclaire vivement le visage de la victime crée elle aussi un paradoxe visuel et ajoute à l’effet de mise en scène de la photographie : tel un projecteur, elle illumine artificiellement le visage, lumière impossible dans l’ambiance sombre et enfumée du paysage. Lumière divine? Espoir? Appel vers un au-delà? La lumière n’en reste pas moins un élément mystique de la photographie, ajoutant sa part de mystère à cette évocation du «Sublime», à ce qui échappe précisément au connu et au commun et qui appartient déjà à l’indicible...Les thèmes de la ruine et de la mort nous évoquent l’art Romantique du XIXème siècle, où la nature était vue comme projection du moi, des souffrances et de la solitude de l’artiste. Ce sont de telles représentations de ruines et de paysages tourmentés, océans déchaînés, mer de glace, arbres morts ou temps automnaux et hivernaux, que l’on trouve par exemple chez l’allemand Caspar David Friedrich, comme autant de reflets des sentiments conflictuels et mélancoliques de l’artiste.Vivien RACAULT semble s’inscrire dans une sorte d’héritage romantique, dévoilant cette part du sublime du monde dans une évacuation poétique et fantasmagorique de la mort.Delphine Colin, septembre 2012

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