L’ANGE

Numéro d'inventaire : 1992.06.03

Auteur : GOBENCEAUX Alain

Date de création : 11/1987

Domaine : Peinture

Matière technique : Technique mixte sur papier

Mesures : Hauteur en cm : 56 Largeur en cm : 44,5

Description : A l’origine, des poèmesLa suite plastique articulant textes et couleurs, réalisée par Alain GOBENCEAUX en 1987 témoigne de cette longue histoire non encore terminée des mots dans l’art. Des textes ? Des poèmes plutôt, d’Armel Guerne, générant des espaces colorés. Un poème engendrant un tableau amène d’emblée à l’esprit l’image de jadis surgi du gris de la nuit aquarelle de Paul Klee, où chaque lettre du poème occupe chaque petit carré coloré de la quasi-totalité de l’espace.Rendre visible la couleurDans les œuvres d’Alain GOBENCEAUX, les poèmes déterminent les choix colorés et comportent tous, en outre, des mots se référant directement au champ des arts plastiques, les éléments plastiques permettant de représenter «l’espace», le «paysage», par leurs rendus ou les contrastes : «transparence»/ «opacité», «lumière»/«ombre». Tout un appareil optique, l’œil, «les regards», est requis pour voir la «présence» absente ou encore l’ «absence» présentifiée. Depuis Klee, il s’agit de «rendre visible l’invisible» avec le minimum de moyens. Alain GOBENCEAUX travaille également avec un minimum de moyens de couleur (+ quelques matériaux trouvés et collés). Dans la suite plastique du jardin colérique, titre du recueil de poèmes d’Armel Guerne, la couleur est maître. Le poème lui-môme s’écrit en couleur : du marron- rouge pour «Vermeil» sur fond jaunâtre — le texte débute par un «bel automne» ; du noir pour «Elle» sur fond jaune — « Elle » est une ombre en couleur de lumière ; du vert pour «L’Arbre et le Mur» sur fond vert et du blanc, couleur de «L’Ange». Poétique simple de l’enfance: cette enfance disant avec certitude que le bleu c’est la mer, le vert l’arbre ou le jaune encore, le soleil.Première incertitude : peindre ou écrire ?Un artiste n’est pas seulement un enfant, il se tisse d’incertitudes. Un poème inscrit sur un support a donné corps à l’œuvre. Alain Gobenceau a d’abord coloré la surface et inscrit son poème après. Mais la successivité évidente des gestes, peindre et écrire, se brouille : dans ces collages où le poème est prétexte à la couleur, le geste d’écrire est simultanément geste pictural –le texte s’écrit avec de la couleur, avec de la matière et s’étale sur la surface – comme dans la calligraphie.Seconde incertitude : la confusion du poète et du plasticienQui est le véritable auteur par l’identité de leurs initiales patronymiques, Armel Guerne poète suisse, pourrait être un pseudonyme d’Alain Gobenceau. Il se trouve que l’artiste plasticien aime tout simplement les poèmes et se les approprie dans les aquarelles où se crée la confusion : les deux noms inscrits font signature. Mais la véritable signature est à chercher ailleurs, peut-être dans ce morceau de bande rayée rouge et blanc, toujours situé dans le bas des collages, comme la signature d’une identité impersonnelle. Le sujet est avant tout la couleur.Colette Pounia

Mots clés : représentation non figurative / POESIE / ART LITTERAIRE / LES ARTS / ART ET SPECTACLE / ART ET DIVERTISSEMENT /