EMPREINTE
Numéro d'inventaire : 1998.23.01
Auteur : BOYER Catherine
Date de création : 1995
Domaine : Sculpture
Matière technique : Grès
Mesures :
Dimensions de l'objet en cm : 15 x 10
Poids en kg : 4
Description analytique : Catherine Boyer utilise les techniques de dessin et de volume, le modelage de la terre dans de nombreuses installations qui ont évolué avec l’utilisation et la combinaison de la vidéo, de la photo et des nouveaux matériaux. Le désir et ses corollaires (l’attente, l’attirance, la répulsion, la sensualité, la séduction…) sont au coeur de sa démarche de création. A travers un corps fétichisé et morcelé, elle exprime la tension érotique dans ce qu’elle a de plus subtil ou de plus criant. Ses premières pièces, métaphores d’organes sexuels, tour à tour féminines et masculines, parfois hermaphrodites, sont réalisées dans des matériaux malléables (terre, cire, porcelaine…) où la main de l’artiste peut facilement laisser marques, empreintes et scarifications par des gestes méticuleux et répétitifs. Dans des oeuvres où se côtoient des matériaux variés (lycra, dentelle, chewing-gum à la fraise, chantilly de gouache blanche sur le corps, stylo à bille sur la peau…), c’est avec érotisme et préciosité que Catherine Boyer rend palpable la tension entre des perceptions opposées : masses phalliques et légèreté des tissus, délicatesse et virilité, attirance tactile et répulsion des surfaces scarifiées. Cet univers fragile, où le grès prend parfois des aspects de corail, de dentelle et de fossiles se métamorphose, dans l’étape suivante de son parcours, en un monde graphique extrêmement élaboré, couché sur du papier en noir et blanc : un foisonnement tenant à la fois du végétal et de l’animal, aux allures de réminiscences sous-marines. Inquiétante étrangeté de papillons aux épines acérées (vénéneuses ?) et d’orchidées poilues, aux replis de nymphe et autres turgescences à peine voilées. Patricia de Bollivier, août 2010
Exposition :
Référence : Toubo tounouvo Artothèque de La Réunion 19/03/1997 30/04/1997
Date de début : 1997-03-19T05:39:23.000000Z
Date de fin : 1997-04-30T05:39:23.000000Z
Description : Le principe générateur de cette exposition est le retour dans l'île de jeunes diplômés d'écoles des Beaux-Arts de métropole. La présentation de leurs travaux au public entérine, - au bout du parcours « initiatique » que constitue leur apprentissage technique et intellectuel - leur entrée sur la scène artistique de l'île. Ces cinq jeunes « accostent » dans un contexte culturel quelque peu perturbé et qui ne laisse guère présager de lendemains qui chantent... Il y a quelques années, leurs prédécesseurs avaient regagné leur île natale dans des conditions plus clémentes. Les années 70, « période d’éveil » de l'expression culturelle réunionnaise, ont vu l'émergence de mouvements intellectuels militants, relayés, dans les années 80, par une action culturelle dynamique. La décentralisation, avec tout ce qu'elle apportait comme moyens financiers, a entraîné une véritable explosion en matière d'arts plastiques : mise en place d'équipements structurants de diffusion et de formation, développement du milieu associatif, aide à la création ... La conjoncture propice a vite transformé les nouveaux arrivants en « artistes officiels » (par le biais des commandes publiques, des expositions ...). Alain Séraphine, Jack Beng-Thi, Alain Padeau, François Giraud ... constituent aujourd'hui, avec des artistes autodidactes ayant atteint une notoriété certaine dans l'île - Gilbert Clain, Wilhiam Zitte, Éric Pongérard ... - une « caste de notables », selon l'expression d'un plasticien de la même génération1, dont on regrette « l’institutionnalisation » de la production. Celle-ci ne conçoit plus son développement hors du cadre institutionnel commandes, expositions ... Leurs cadets, eux, débutent leur carrière sous des auspices bien moins heureux. Comme le déclarait récemment un directeur de structure lors d'une émission de radio, « nous sommes en période d'avant-guerre », et les restrictions actuelles ne sont que les prémices d'une crise qui s'annonce bien plus grave que celle que nous vivons. Les obstacles qui se dressent aujourd'hui sur la voie des artistes professionnels sont nombreux:( ...) les coupes claires effectuées dans le budget « Culture » de l'Etat et des Collectivités, promettent, pour les années à venir, des batailles acharnées ... Joignons à cela la faiblesse des marchés intérieur et extérieur, l'absence de critique, l'isolement inhérent à la situation géographique et le manque de confrontation avec l’extérieur... Très peu d'artistes de l'île le sont à temps complet et peuvent prétendre vivre exclusivement de leur production. Certains travaillent dans l'Education Nationale (dans les lycées et collèges), d'autres se sont investis dans l'action culturelle (en tant que directeurs de structures notamment, dans des services culturels ou dans des projets d'insertion), d'autres encore exercent des métiers qui n'ont rien à voir avec leur pratique artistique, à laquelle ils s'adonnent pendant leur temps libre. Quatre de nos exposants sont en poste à La Réunion (trois dans l'enseignement, un dans un service culturel municipal). Le cinquième vit et travaille à Marseille. Willy Govin travaille essentiellement à partir du corps, qu'il révèle et cache par la photographie. Catherine Boyer convoque Éros dans le jeu délicat des matières et des formes : la dentelle est partout, qui habille et déshabille les morceaux de corps mou ; qui recouvre les surfaces de précieuses scarifications, invitations au toucher. Les petits trésors des mers par poignées, récolte de coquillages et de mollusques, fossilisent le geste patient de la dentellière. Jaimy Sing Cheong peint non pas des « paysages » mais du « paysage » et développe dans ses grandes toiles un rapport intime avec la nature, qu'il ne décrit ni ne montre, mais qu'il explore. Didier Soret, avec son filet humain, passe allègrement du régional à l'universel : il se mue en mécanique et reproduit à l'infini les formes uniques d'un couple de « maloyèrs », motif primordial que l'on oublie finalement, au profit de l'ensemble. Les espaces sonores de Guy Ajaguin avalent le spectateur pour une nouvelle écoute, une ballade dans son champ électroacoustique à travers la ville et chez lui. Cette exposition se veut un éloge du voyage. La conquête de l'Ailleurs et la confrontation à l'Autre doivent apporter une réponse radicale aux contradictions internes propres aux sociétés post-coloniales : l'opposition entre « authenticité » et « influence culturelle », entre « tradition- identité » et « occident-modernité ». Les œuvres ici présentées permettent de poser différemment les termes du conflit : elles effectuent la synthèse plastique originale et actuelle entre deux cultures qu'il serait vain d'opposer éternellement. La création artistique réunionnaise ne se réalisera pleinement qu'au contact d'autres civilisations, notamment celles des pays alentour, proches non seulement géographiquement, mais surtout culturellement et viscéralement. Dans le contexte actuel de fermeture frileuse des frontières, il appartient à l'artiste de garantir la libre circulation des idées et des œuvres. Pour reprendre l'expression de Laurent Segelstein : « Kréols deor !»2 ... « l’artiste réunionnais doit se donner les possibilités de créer hors de son jardin ». On voudrait voir son champ d'interventions prendre des dimensions planétaires, et indianocéaniques pour commencer. « Dehors est un grand pays », écrit le poète3, ses frontières ne sont pas celles de l'Occident. « Kréols deor !», pour se nourrir de l'Ailleurs et de l'Autre, au cours d'une transhumance salutaire. « Kréols deor », pour poser son regard sur le Monde et ce qui s'y passe, pour s'y impliquer et en être citoyen ... L'urgence est au voyage, donc, mais avec en tête les paroles du sage : le voyage qui est fuite de soi n'aboutit jamais. Patricia de Bollivier Extrait du catalogue « Toubo Tounouvo », 1997 1 : A. du Vignaux, « Téléphone sonne : l'art contemporain à La Réunion », RFO Radio, le 10 septembre 1996, 18h. 2 : Laurent Segelstein, « Quand la nuit s’avance », RFO radio, le 10/2/97, 19h. 3 : Alain Lorraine, 1995.
Mots clés :
HYBRIDE - SCULPTURE - MOLLUSQUE -
Auteur : BOYER Catherine
Date de création : 1995
Domaine : Sculpture
Matière technique : Grès
Mesures :
Dimensions de l'objet en cm : 15 x 10
Poids en kg : 4
Description analytique : Catherine Boyer utilise les techniques de dessin et de volume, le modelage de la terre dans de nombreuses installations qui ont évolué avec l’utilisation et la combinaison de la vidéo, de la photo et des nouveaux matériaux. Le désir et ses corollaires (l’attente, l’attirance, la répulsion, la sensualité, la séduction…) sont au coeur de sa démarche de création. A travers un corps fétichisé et morcelé, elle exprime la tension érotique dans ce qu’elle a de plus subtil ou de plus criant. Ses premières pièces, métaphores d’organes sexuels, tour à tour féminines et masculines, parfois hermaphrodites, sont réalisées dans des matériaux malléables (terre, cire, porcelaine…) où la main de l’artiste peut facilement laisser marques, empreintes et scarifications par des gestes méticuleux et répétitifs. Dans des oeuvres où se côtoient des matériaux variés (lycra, dentelle, chewing-gum à la fraise, chantilly de gouache blanche sur le corps, stylo à bille sur la peau…), c’est avec érotisme et préciosité que Catherine Boyer rend palpable la tension entre des perceptions opposées : masses phalliques et légèreté des tissus, délicatesse et virilité, attirance tactile et répulsion des surfaces scarifiées. Cet univers fragile, où le grès prend parfois des aspects de corail, de dentelle et de fossiles se métamorphose, dans l’étape suivante de son parcours, en un monde graphique extrêmement élaboré, couché sur du papier en noir et blanc : un foisonnement tenant à la fois du végétal et de l’animal, aux allures de réminiscences sous-marines. Inquiétante étrangeté de papillons aux épines acérées (vénéneuses ?) et d’orchidées poilues, aux replis de nymphe et autres turgescences à peine voilées. Patricia de Bollivier, août 2010
Exposition :
Référence : Toubo tounouvo Artothèque de La Réunion 19/03/1997 30/04/1997
Date de début : 1997-03-19T05:39:23.000000Z
Date de fin : 1997-04-30T05:39:23.000000Z
Description : Le principe générateur de cette exposition est le retour dans l'île de jeunes diplômés d'écoles des Beaux-Arts de métropole. La présentation de leurs travaux au public entérine, - au bout du parcours « initiatique » que constitue leur apprentissage technique et intellectuel - leur entrée sur la scène artistique de l'île. Ces cinq jeunes « accostent » dans un contexte culturel quelque peu perturbé et qui ne laisse guère présager de lendemains qui chantent... Il y a quelques années, leurs prédécesseurs avaient regagné leur île natale dans des conditions plus clémentes. Les années 70, « période d’éveil » de l'expression culturelle réunionnaise, ont vu l'émergence de mouvements intellectuels militants, relayés, dans les années 80, par une action culturelle dynamique. La décentralisation, avec tout ce qu'elle apportait comme moyens financiers, a entraîné une véritable explosion en matière d'arts plastiques : mise en place d'équipements structurants de diffusion et de formation, développement du milieu associatif, aide à la création ... La conjoncture propice a vite transformé les nouveaux arrivants en « artistes officiels » (par le biais des commandes publiques, des expositions ...). Alain Séraphine, Jack Beng-Thi, Alain Padeau, François Giraud ... constituent aujourd'hui, avec des artistes autodidactes ayant atteint une notoriété certaine dans l'île - Gilbert Clain, Wilhiam Zitte, Éric Pongérard ... - une « caste de notables », selon l'expression d'un plasticien de la même génération1, dont on regrette « l’institutionnalisation » de la production. Celle-ci ne conçoit plus son développement hors du cadre institutionnel commandes, expositions ... Leurs cadets, eux, débutent leur carrière sous des auspices bien moins heureux. Comme le déclarait récemment un directeur de structure lors d'une émission de radio, « nous sommes en période d'avant-guerre », et les restrictions actuelles ne sont que les prémices d'une crise qui s'annonce bien plus grave que celle que nous vivons. Les obstacles qui se dressent aujourd'hui sur la voie des artistes professionnels sont nombreux:( ...) les coupes claires effectuées dans le budget « Culture » de l'Etat et des Collectivités, promettent, pour les années à venir, des batailles acharnées ... Joignons à cela la faiblesse des marchés intérieur et extérieur, l'absence de critique, l'isolement inhérent à la situation géographique et le manque de confrontation avec l’extérieur... Très peu d'artistes de l'île le sont à temps complet et peuvent prétendre vivre exclusivement de leur production. Certains travaillent dans l'Education Nationale (dans les lycées et collèges), d'autres se sont investis dans l'action culturelle (en tant que directeurs de structures notamment, dans des services culturels ou dans des projets d'insertion), d'autres encore exercent des métiers qui n'ont rien à voir avec leur pratique artistique, à laquelle ils s'adonnent pendant leur temps libre. Quatre de nos exposants sont en poste à La Réunion (trois dans l'enseignement, un dans un service culturel municipal). Le cinquième vit et travaille à Marseille. Willy Govin travaille essentiellement à partir du corps, qu'il révèle et cache par la photographie. Catherine Boyer convoque Éros dans le jeu délicat des matières et des formes : la dentelle est partout, qui habille et déshabille les morceaux de corps mou ; qui recouvre les surfaces de précieuses scarifications, invitations au toucher. Les petits trésors des mers par poignées, récolte de coquillages et de mollusques, fossilisent le geste patient de la dentellière. Jaimy Sing Cheong peint non pas des « paysages » mais du « paysage » et développe dans ses grandes toiles un rapport intime avec la nature, qu'il ne décrit ni ne montre, mais qu'il explore. Didier Soret, avec son filet humain, passe allègrement du régional à l'universel : il se mue en mécanique et reproduit à l'infini les formes uniques d'un couple de « maloyèrs », motif primordial que l'on oublie finalement, au profit de l'ensemble. Les espaces sonores de Guy Ajaguin avalent le spectateur pour une nouvelle écoute, une ballade dans son champ électroacoustique à travers la ville et chez lui. Cette exposition se veut un éloge du voyage. La conquête de l'Ailleurs et la confrontation à l'Autre doivent apporter une réponse radicale aux contradictions internes propres aux sociétés post-coloniales : l'opposition entre « authenticité » et « influence culturelle », entre « tradition- identité » et « occident-modernité ». Les œuvres ici présentées permettent de poser différemment les termes du conflit : elles effectuent la synthèse plastique originale et actuelle entre deux cultures qu'il serait vain d'opposer éternellement. La création artistique réunionnaise ne se réalisera pleinement qu'au contact d'autres civilisations, notamment celles des pays alentour, proches non seulement géographiquement, mais surtout culturellement et viscéralement. Dans le contexte actuel de fermeture frileuse des frontières, il appartient à l'artiste de garantir la libre circulation des idées et des œuvres. Pour reprendre l'expression de Laurent Segelstein : « Kréols deor !»2 ... « l’artiste réunionnais doit se donner les possibilités de créer hors de son jardin ». On voudrait voir son champ d'interventions prendre des dimensions planétaires, et indianocéaniques pour commencer. « Dehors est un grand pays », écrit le poète3, ses frontières ne sont pas celles de l'Occident. « Kréols deor !», pour se nourrir de l'Ailleurs et de l'Autre, au cours d'une transhumance salutaire. « Kréols deor », pour poser son regard sur le Monde et ce qui s'y passe, pour s'y impliquer et en être citoyen ... L'urgence est au voyage, donc, mais avec en tête les paroles du sage : le voyage qui est fuite de soi n'aboutit jamais. Patricia de Bollivier Extrait du catalogue « Toubo Tounouvo », 1997 1 : A. du Vignaux, « Téléphone sonne : l'art contemporain à La Réunion », RFO Radio, le 10 septembre 1996, 18h. 2 : Laurent Segelstein, « Quand la nuit s’avance », RFO radio, le 10/2/97, 19h. 3 : Alain Lorraine, 1995.
Mots clés :
HYBRIDE - SCULPTURE - MOLLUSQUE -