MEMOIRE D'ENCRE

Numéro d'inventaire : 1997.02.02
Auteur : BENG-THI Jack
Date de création : 1991
Domaine : Sculpture
Matière technique : Sculpture en terre cuite chamotée, fibres végètales, papiers
Mesures :
Hauteur en cm : 38,5
Largeur en cm : 55
Epaisseur en cm : 6

Description analytique : Jack Beng-Thi est sculpteur, diplômé de l'Ecole supérieure des Beaux Arts de Toulouse en 1977 et titulaire d'une Maîtrise d’Arts plastiques de l'université de Paris VIII. Esclavage, outrages faits aux corps des hommes, esprit de la plantation deux cent ans plus tard, il y a dans le travail de Jack Beng-Thi une recherche qui se situe dans l’espace dramatique des corps blessés, une quête de cette mémoire douloureuse, identitaire, de laquelle il se sent privé : « mémoire dérobée à la société réunionnaise et plus largement aux sociétés ayant connu l’esclavage et le colonialisme » dit-il. Son œuvre se partage en trois grands moments : les installations réalisées avec des matériaux naturels et bruts, celles dans lesquelles il présente des moulages de corps ou de fragments de corps, les œuvres installées dans le paysage investi comme lieu de mémoire. Ses installations et sculptures sont constituées de matériaux divers, terre cuite, bois, fibres végétales tressées ou non donnant à l’ensemble une dimension de pratique artisanale traditionnelle. La photographie, d’abord trace documentaire pour l’artiste, devient plus récemment un autre versant de sa création. Les titres des œuvres sont autant d’histoires racontées pour lutter contre l’oubli. L’artiste participe à des échanges culturels, expositions et biennales dans divers pays, toujours ayant un lien avec ses préoccupations d’homme libérant les mémoires. Ces voyages à Madagascar, dans de nombreux pays d’Afrique (Sénégal souvent), Cuba, Haïti, Guyane, Chine et Inde donnent lieu à d’autres œuvres militantes. Dans la majorité des pièces du début des années quatre-vingt dix, le corps est représenté en terre cuite. Les pièces d’une série, issues du même moule puis retravaillées individuellement, ont la même dimension, jusqu’à un mètre soixante de hauteur, et semblent parfois visuellement proches de la sculpture traditionnelle africaine. Ces sculptures apparaissent souvent comme des bustes raides sans jambes ni bras, sortes de momies au corps-tronc, ou émergeant d’un socle en forme de tambour. Les corps se couvrent de fibres végétales tressées ou non, ne laissant apparaître que les têtes. C’est le cas de la petite sculpture de Mémoire d'encre, une œuvre un peu à part : un grand livre en terre cuite, sorte de Boîte en valise en référence à Marcel Duchamp, contenant une miniature de sculpture filiforme, des feuilles de papier couvertes d’écriture incluses dans un tapis de fibres. Le corps sculpté est totalement ficelé, presque momifié comme une poupée vaudou allongée, soit dans l’espace qui lui est réservé, soit en dehors car elle n’est pas fixée. Si l’on imagine le livre refermé la statuette dedans, la boîte devient cercueil. Côté gauche, dans le cadre du réceptacle, on distingue une page manuscrite qui est la première d’une pile d’écrits anciens jaunis et tachés, il s’agit d’un texte poétique écrit par l’artiste et qui raconte le voyage depuis l’Inde de Baya, sa grand-même indienne. La paille coupée fait tenir l’ensemble comme dans un champ miniature. Ce livre mémoire questionne l’écriture, les traces, la mémoire à nouveau et les origines de l’artiste. Isabelle Poussier, janvier 2011

Exposition :
Référence : Art de livres Artothèque de La Réunion 30/09/1991 08/11/1991
Date de début : 1997-09-19T05:39:17.000000Z


Mots clés :
BOITE - RECIPIENT - OBJETS A FONCTIONS DIVERSES - SCIENCES SOCIALES - ECRITURE - ACTIVITE INTELLECTUELLE - PHILOSOPHIE - PSYCHOLOGIE -