SANS AUCUN ORDRE

Numéro d'inventaire : 1994.26.01
Auteur : FICOT Dominique
Date de création : 1991
Domaine : Peinture
Matière technique : Installation (tringle, 30 anneaux, bois, plastique chromé, textes)
Mesures :
Dimensions de l'objet en cm : 240 x 15 x 15
Description analytique : Reposant sur deux socles blancs, grande ligne horizontale suspendue au dessus du sol, l’installation de Dominique FICOT délivre ses multiples messages. Constituée de trente anneaux de différentes tailles et couleurs, elle apparaît comme sans cesse modifiable. La rangée du dessus, grise et brut, fait immédiatement signe vers son matériau d’origine, un banal tuyau de canalisation de chantier, tandis que les rangées du dessous sont peintes et vernis. Des sortes de poignées sont placées à chaque extrémité de la structure, offrant la possibilité de faire pivoter la sculpture sur elle même et de jouer sur le retournement de chaque rouleau. Chaque anneau est porteur d’un texte, fragments de phrases de différents textes sacrés que l’artiste a écrit en noir, d’une écriture simple et manuscrite. Ces rouleaux, emboîtés et superposés les uns aux autres telles les poupées russes, se déplacent ou se glissent pour révéler celui qui est en dessous, multipliant les agencements possibles de textes. Cela peut nous évoquer la pratique du cadavre exquis des surréalistes, la manipulation des rouleaux donnant de manière totalement aléatoire des associations d’idées inattendues, comme autant de trajets et de rêveries possibles. Pour l’artiste, il s’agit de « rouleaux de prières, pour lesquels les manipulations comptent plus que le sens des mots .Les mots deviennent des bateaux, des voiles, des ailes qui emportent notre esprit... » Cette sculpture appelle en effet à la participation du spectateur, auteur même de l’oeuvre ou du moins de ces transformations, Dominique FICOT jouant sur l’aspect ludique et décalé de sa réalisation tout en abordant des thèmes qui lui sont chers : le rêve, l’amour, la religion... Le spectateur est alors entraîné dans ce voyage qu’il partage un temps avec l’artiste, laissant « voguer sa tête » au rythme des rencontres et des évocations sacrées ou poétiques. Delphine Colin, Mai 2012

Exposition :
Référence : Art de livres Artothèque de La Réunion 30/09/1991 08/11/1991
Date de début : 1991-09-30T05:39:00.000000Z
Date de fin : 1991-11-08T05:39:00.000000Z
Description : « Avant les artistes dialoguaient avec les dieux. Maintenant, ils dialoguent avec les hommes » L’ouverture de l’artothèque, hier soir, n’a pas permis à elle seule cette (r)évolution. Mais elle y participe largement. En faisant référence à cette citation, Dominique Calasse-Levassor, responsable de cette maison de l’art vivant mise en place par le Conseil général, imprime cette volonté de désacraliser l’Art : « les arts plastiques, c’est l’expression primaire de l’individu. C’est un acte humain, qui permet de toucher l’authentique, le réel. Tout le monde est concerné par les arts plastiques, par exemple en choisissant une couleur, une forme d’objet ». Et parce que tout le monde est concerné, l’artothèque permettra à chacun de s’approprier une ou plusieurs œuvres d’art. « Une œuvre originale, précise Dominique Calasse-Levassor. Et c’est très important. Quand une œuvre entrera dans une maison, ou dans une école, les gens en recevront plein la gueule. Ils réagiront, c’est une manière de lutter contre l’indifférence ». Et puis, dit-elle encore, les gens pourront toucher les œuvres, un contact essentiel… Pour son inauguration, l’Artothèque a choisi d’exposer 132 œuvres créées autour du thème « le livre détourné ». « La Réunion est une île de grande tradition littéraire, explique l’organisatrice. On s’est demandé comment relier les arts plastiques et l’écrit, comment rattraper ceux qui ne savent pas lire, ceux qui sont exclus de cette image valorisante que l’on peut exporter. Or, tout le monde a des livres chez soi, ne serait-ce qu’un bottin, un calendrier, des journaux. Il était d’ailleurs de tradition d’en décorer les murs des cases. D’eux-mêmes, les gens les ont déjà transformés. Détourner le livre, c’est permettre que chacun se l’approprie. Ceux qui viendront ici verront comment on peut créer à partir d’un support familier, qui n’est d’habitude pas valorisé » Les enfants, qui hier soir fabriquaient le livre d’or de l’expo à partir de matériaux mis à leur disposition, ont déjà entendu le message. Les quelques centaines d’adultes qui se baladaient dans la magnifique maison Mas, bourrée d’œuvre d’art, étaient, dans l’ensemble, plus distants. Peut-être un peu commotionnés par cette profusion d’art, d’un niveau qu’on n’a pas souvent l’habitude de voir à La Réunion. Mais le premier a été franchi hier soir. Les plasticiens réunionnais disposent maintenant d’un lieu exceptionnel pour faire vivre leur art. Et le public pourra pénétrer dans cette maison et en repartir les bras chargés d’un fragment d’art d’avant d’art créé pour circuler. Nathalie Bertrand, extrait du « Témoignages », 1er octobre 1991


Mots clés :
représentation non figurative -