RENAISSANCE OF A FLOWER
Numéro d'inventaire : 1992.15.01
Auteur : TOBEY Mark
Date de création : 1975
Domaine : Estampe
Matière technique : Lithographie couleur sur papier japon
Mesures :
Hauteur en cm : 38,5
Largeur en cm : 26
Description analytique : (...) La démarche picturale de Mark Tobey s’installe à partir de 1959 : il développe un système caractéristique constitué d'un fourmillement de signes « mes traces abandonnent, du moins en apparence, tout contenu pour se livrer entièrement à l'ivresse de se satisfaire d'elles-mêmes, de leur propre jeu graphique ». Il décrit ses peintures comme une sorte de contemplation autonome. Son immédiateté imite en quelque sorte l'apparence du langage. Partant de la calligraphie traditionnelle, Mark Tobey invente une sorte de gribouillage, de mouvement, de rythme d’où surgissent des formes semblables à un graffiti. Des entrelacs, toujours de petites dimensions, couvrent tout le format de l'œuvre à la recherche d’un équilibre entre subtilité et spiritualité. La lithographie en couleur sur papier Japon acquise par l’Artothèque s'inscrit dans cette démarche si caractéristique développée par Marc Tobey : l’utilisation quasi exclusive de petits formats sur papier aux couleurs amoindries. Une écriture totalement abstraite, en plumes entrecroisées, en lignes enchevêtrées à dominantes de blancs, envahissant toute la surface de la page, fondant une des origines de ce qu'on appellera « all-over [1] ». Ce geste de recouvrement de bandes vibrantes de lignes, d’une infinité de signes crée une réelle profondeur. Cette œuvre, souvent qualifiée d’abstraite, manifeste un évident besoin d’expression intérieure et conduit le spectateur dans un dialogue entre le visible et son invisible. Renaissance of a flower est composée d’une écriture extrêmement comprimée de corps embryonnaires sans aucune hiérarchie dans la répartition de la couleur sur le papier. Mark Tobey recherche dans cette accumulation monochrome d’entrelacs et de mailles plus ou moins compactes un relief par la seule vibration du blanc sur un fond ocre et la dispersion d’ombres bleutées. [1- All Over est une technique qui utilise toute la toile, tout le format, n'a pas de centre, ne fait pas de hiérarchie entre le fond et la forme.] Ces graphismes resserrés fragmentent cette masse rectangulaire verticale écrasant la forme et inventant, suivant les propres mots de Mark Tobey, une white writing. L’écriture blanche de Tobey est lumineuse, elle est métaphysique et elle est aussi élégiaque [2]. En se plongeant dans la contemplation, le spectateur découvre une série de signes infiniment petits qui ont chacun leur propre rythme révélé par l’intuition de l’artiste. Comme les brins d’herbe d’une pelouse, infimes parties d’un ensemble, les signes peints par Mark Tobey forment certes une seule composition mais possèdent leur propre vie avec une immense autonomie. Renaissance of a flower peut donc être assimilé à un champ sensible agité de mille vibrations par un léger vent d’alizé où la nature prolifère en toute liberté. Renaissance of a flower nous ouvre à la contemplation de cet espace extérieur pour partir à la découverte de notre espace intérieur. Mark Tobey écrit en février 1955 ces quelques phrases qui résument parfaitement sa quête d’absolu et inonde ses créations : « Sur les pavés des rues et sur les écorces des arbres, j’ai découvert des univers entiers. Je suis très peu au fait de ce que l’on appelle généralement "abstrait". L’abstraction pure serait pour moi une peinture dans laquelle on ne trouverait aucune affinité avec la vie, une chose pour moi impossible. J’ai cherché un monde "un" dans mes peintures mais pour le réaliser j’ai utilisé comme une masse tourbillonnante. Je n’assume aucune position définie. Peut-être que ceci explique la remarque faite par quelqu’un qui regardait une de mes peintures : Où est le centre ? » [3] Cette recherche d’absolu empreinte de spiritualité et de délicatesse à l’écart des tourbillons de l’avant-garde et de ces mouvements éphémères l’a maintenu éloigné de l’histoire de l’art moderne où pourtant son influence a été déterminante. Face à nos angoisses systémiques et à nos crises écologiques l’œuvre de Mark Tobey est encore aujourd’hui une réponse fascinante. [2- Deborah Bricker Balkan, commissaire de l’exposition Mark Tobey in catalogue coll. Peggy Guggenheim, 2017.] [3- In Mark Tobey. Tobey or not to be ? op.cit.] Yves Michel Bernard, 2021
Mots clés :
représentation non figurative -
Auteur : TOBEY Mark
Date de création : 1975
Domaine : Estampe
Matière technique : Lithographie couleur sur papier japon
Mesures :
Hauteur en cm : 38,5
Largeur en cm : 26
Description analytique : (...) La démarche picturale de Mark Tobey s’installe à partir de 1959 : il développe un système caractéristique constitué d'un fourmillement de signes « mes traces abandonnent, du moins en apparence, tout contenu pour se livrer entièrement à l'ivresse de se satisfaire d'elles-mêmes, de leur propre jeu graphique ». Il décrit ses peintures comme une sorte de contemplation autonome. Son immédiateté imite en quelque sorte l'apparence du langage. Partant de la calligraphie traditionnelle, Mark Tobey invente une sorte de gribouillage, de mouvement, de rythme d’où surgissent des formes semblables à un graffiti. Des entrelacs, toujours de petites dimensions, couvrent tout le format de l'œuvre à la recherche d’un équilibre entre subtilité et spiritualité. La lithographie en couleur sur papier Japon acquise par l’Artothèque s'inscrit dans cette démarche si caractéristique développée par Marc Tobey : l’utilisation quasi exclusive de petits formats sur papier aux couleurs amoindries. Une écriture totalement abstraite, en plumes entrecroisées, en lignes enchevêtrées à dominantes de blancs, envahissant toute la surface de la page, fondant une des origines de ce qu'on appellera « all-over [1] ». Ce geste de recouvrement de bandes vibrantes de lignes, d’une infinité de signes crée une réelle profondeur. Cette œuvre, souvent qualifiée d’abstraite, manifeste un évident besoin d’expression intérieure et conduit le spectateur dans un dialogue entre le visible et son invisible. Renaissance of a flower est composée d’une écriture extrêmement comprimée de corps embryonnaires sans aucune hiérarchie dans la répartition de la couleur sur le papier. Mark Tobey recherche dans cette accumulation monochrome d’entrelacs et de mailles plus ou moins compactes un relief par la seule vibration du blanc sur un fond ocre et la dispersion d’ombres bleutées. [1- All Over est une technique qui utilise toute la toile, tout le format, n'a pas de centre, ne fait pas de hiérarchie entre le fond et la forme.] Ces graphismes resserrés fragmentent cette masse rectangulaire verticale écrasant la forme et inventant, suivant les propres mots de Mark Tobey, une white writing. L’écriture blanche de Tobey est lumineuse, elle est métaphysique et elle est aussi élégiaque [2]. En se plongeant dans la contemplation, le spectateur découvre une série de signes infiniment petits qui ont chacun leur propre rythme révélé par l’intuition de l’artiste. Comme les brins d’herbe d’une pelouse, infimes parties d’un ensemble, les signes peints par Mark Tobey forment certes une seule composition mais possèdent leur propre vie avec une immense autonomie. Renaissance of a flower peut donc être assimilé à un champ sensible agité de mille vibrations par un léger vent d’alizé où la nature prolifère en toute liberté. Renaissance of a flower nous ouvre à la contemplation de cet espace extérieur pour partir à la découverte de notre espace intérieur. Mark Tobey écrit en février 1955 ces quelques phrases qui résument parfaitement sa quête d’absolu et inonde ses créations : « Sur les pavés des rues et sur les écorces des arbres, j’ai découvert des univers entiers. Je suis très peu au fait de ce que l’on appelle généralement "abstrait". L’abstraction pure serait pour moi une peinture dans laquelle on ne trouverait aucune affinité avec la vie, une chose pour moi impossible. J’ai cherché un monde "un" dans mes peintures mais pour le réaliser j’ai utilisé comme une masse tourbillonnante. Je n’assume aucune position définie. Peut-être que ceci explique la remarque faite par quelqu’un qui regardait une de mes peintures : Où est le centre ? » [3] Cette recherche d’absolu empreinte de spiritualité et de délicatesse à l’écart des tourbillons de l’avant-garde et de ces mouvements éphémères l’a maintenu éloigné de l’histoire de l’art moderne où pourtant son influence a été déterminante. Face à nos angoisses systémiques et à nos crises écologiques l’œuvre de Mark Tobey est encore aujourd’hui une réponse fascinante. [2- Deborah Bricker Balkan, commissaire de l’exposition Mark Tobey in catalogue coll. Peggy Guggenheim, 2017.] [3- In Mark Tobey. Tobey or not to be ? op.cit.] Yves Michel Bernard, 2021
Mots clés :
représentation non figurative -