ETOFFE 3
Numéro d'inventaire : 2017.04.01
Auteur : DURIES Freddy
Date de création : 2009
Domaine : Peinture
Matière technique : Huile sur toile
Mesures :
Hauteur en cm : 160
Largeur en cm : 160
Description analytique : SOFT- FOCUS & STRATOS -FAIRE (On Voit Nettement Indistinctement) « Une couleur nue, en général un visible, n'est pas un morceau d'être absolument dur, insécable, offert tout nu à une vision qui ne pourrait être que totale ou nulle, mais plutôt une sorte de détroit entre des horizons intérieurs et des horizons extérieurs toujours béants, quelque chose qui vient toucher et fait résonner à distance diverses régions du monde coloré, une certaine différenciation, une modulation éphémère de ce monde. » (Merleau-Ponty, Le Visible et l'Invisible, 1979) L'enseigne (Huile sur toile 2006) nous le dit clairement dans son indéfini, on se confronte à une peinture qui se passe de mots. On la regarde en silence. Ce qui arrive est un va-et-vient de vocabulaire qui apparaît en désordre lorsque l'on fait face : vortex, percepts, fluides, membranes, tourbillons, turbulences, résurgences, émergences, interfaces, fusions, dissolutions, nébuleux, « space », effets optiques, « une présence », romantiques, automatisme, lignes de confusion, résonances, « flou artistique », passing through over into across away, désincarnation, révélation, pictorialisme, hybrides, concrétions provisoires, plis versatiles, mouvances, fulgurer, surréflexion, transports, maelström, « ressemblance informe », spires fœtales, sans dessus-dessous, bizarre, émanations, ambivalence, queue de comètes, « Flurry »... autant d’invitations à percer l’énigme de ces surfaces plasmiques. La toile, ou le support en général pour le peintre, offre bien des façons de reflets, d'attractions ou de résistances. Mais comment reconnaître la provenance de signes ? Comment dire s'ils proviennent d'un dedans ou d'un dehors ? Les tableaux de Freddy Duriès peuvent être qualifiés de « réflexifs » tant au niveau du contenu mental ou abstrait qu'au niveau de la lumière qui nous fixe tout en donnant corps à la peinture. Il cherche à saisir et à produire un état précis, un effet de réflexion immatériel en s'appuyant sur le regard, la perception et le passage du sujet visible à l'objet visuel. Le clair-obscur joue une fonction artistique opposant l'intérieur et l'extérieur, l'intangible et le matériel. Cela permet également d'augmenter la tension permanente de la forme vers l'informe, de figer les attitudes à un moment précis, de mettre en volume les formes et donner l'illusion du relief et de profondeur « à l'intérieur de la surface ». La manière picturale de· Freddy Duriès ne trace pas de ligne de partage entre la lumière et l'ombre. Pas de traces de pinceau, de coulures barbouillées, de taches manifestes, de « patouilles » expressives, de matières brutes, au profit d'un immatériel flottant. On se situe de fait dans la vision et non dans l'empreinte ou les gestes du travail de la « peinture peinture ». Un état d'absence à soi autant qu'une échappée hors de l'humain. La lumière et l'ombre effleurent les figures, modèlent les choses, débordent les cadres. Elles contribuent à la stabilité équilibrée de l'ensemble tout en animant la surface. Les Tissulaires (ancien titre de « Étoffe) sont des allégories de la peinture, un piège à lumière où le visible s'épuise dans la peinture. L'artiste économise à l'extrême les moyens de représentation et ainsi renforce l'impact visuel pour faire remonter à la surface une foule de sensations. Il multiplie les formes aux limites de l'informe. Il départicularise l'univers peint, une figuration à la surface-d'elle-même, pour obtenir une « abstraction sensible » selon l'expression d-André Malraux. La surface est un milieu d'échange. Peut-être que dans la peinture de Freddy Duriès, tout est reflet, un reflet où la figure se contemple, où elle résonne, autant qu'elle en est rejetée. Dans cette gestation des formes typiquement modernes, la séduction du Sublime y est contorsion et non état, un mouvement comme le « commencement illimité de la délimitation d'une forme » (Jean-Luc Nancy). Un effacement de la figuration, dispersion de formes dans une résurgence de la couleur et de la lumière. L'informe est visé comme l'origine de la forme toujours tapie en elle, son état de génération, son devenir, son atemporalité. Il s'agit de laisser dans chaque peinture la part d'inachevé qui laisse possible sur la même toile une infinité d'autres peintures, ce que Louis Marin nommait le « comble » de la représentation. Le présent flotte dans cette instabilité chronique, dans cette variation subtile entre permanence et instantanéité, fixation et accélération. Il y est question de dépasser une dimension intuitive, sensible pour aller au-delà, où« l'artiste se fait producteur d'un ordre qu'il invente, ou contemplateur d'un ordre qu'il découvre » (Yves Michaud). Les dessins, bien qu'anecdotiques dans le travail de Freddy, répètent cette volonté de délivrer une part d'étrangeté. Une série de formats« de bureau » à la légèreté soutenue, crayons et stylos dont la chorégraphie de lignes au lieu de serpenter en mots sur la papier, s'enroulent et voltigent dans un va-et-vient fragile, transparent mais obstiné, impulsion à l'aveugle et progression libre, labeur entêté et dérive intuitive, improvisation sémiotique et programme d'essai, une écriture automatique qui éprouve les limites (toujours l'expérience des limites) d'un perception claire entre investigation graphique et sédimentation de « ce qui se dessine tout seul ». L’expérience est toujours la même, celle d'une sorte d'abstraction fonctionnelle, celle de la figure qui rassemble les formes sur une surface d'action concentrée ou all-over, celle d'une attention ornementale particulière à ce qu'on appelait la Beauté et un regard déplacé sur le Sublime. Les« OVNls » jaillis de l'univers formel et perceptuel de Freddy Duriès oscillent par un jeu d'échanges fluides ou dialectiques entre l'apparence et l'apparition, entre l'effet volatil d'une explosion maîtrisée et la sensation comme acte commun du sentant et du ressenti. La continuité de l'image dans la peinture et la continuité de la peinture dans l'image entrent en résonance pour ouvrir un espace des possibles, permettre la genèse de toutes les formes, nourrir toutes les visions idiomatiques, et penser que l'incertain et l'improbable restent encore à peindre. Luc Jeandheur Extrait du catalogue "Première expo... et après ?", 2017
Exposition :
Référence : Première expo... et après ? Artothèque de La Réunion 24/06/2017 04/02/2018
Date de début : 2017-06-24T05:39:56.000000Z
Date de fin : 2018-02-04T05:39:56.000000Z
Description : Après leur première exposition que deviennent les artistes ? Initiée en 2001 cette série « Première exposition » vise à promouvoir un artiste débutant en lui apportant tout le soutien nécessaire à une première exposition personnelle. Au total, ce sont onze plasticiens qui ont bénéficié de ce programme lequel leur a ouvert la voie vers une professionnalisation dans les meilleures conditions. En 2014, c'est « Passage » qui poursuivra cette série. Le principe de la première exposition y est maintenu mais cette fois avec l'idée d'un parrainage, d'un passage entre un artiste reconnu qui accepte de présenter un jeune artiste dont il a perçu une créativité à encourager. 2017, semblait être un bon moment pour évaluer cette formule originale par sa volonté de soutenir la jeune création qui a ponctué, chaque année, les activités de l'Artothèque depuis 2001. Ce qui est pour eux représente une mise au point sera pour nous à l'Artothèque une sorte de bilan de cette activité prometteuse où aucun pari n'est gagné d'avance. Le métier d'artiste est un métier difficile et ceux-ci l'ont choisi en dépit des aléas inhérents à cette profession. Ils manifestent là la preuve d'un fort courage. Certains ont renoncé face au défi. Eric Grondin en 2001 ; Esther Hoareau en 2002 ; Freddy Duriès en 2003 ; Mounir Allaoui, en 2005 ; Benoît Pierre en 2007 ; Vivien Racault en 2008 et Genathena en 2014, après leur première exposition, ont tous accepté de participer à cette exposition collective, de montrer leurs dernières ouvres et le chemin parcouru depuis leurs débuts à l'Artothèque du Département de La Réunion. En suivant leur parcours, en observant leur évolution et en voyant le travail réalisé aujourd'hui, ils nous confortent dans l'idée qu'il est important de maintenir ce qui représente un concept toujours vivace et profitable aux jeunes artistes. (...) Caroline de Fondaumière Historienne de l’Art Extrait du catalogue d'exposition
Mots clés :
PEINTURE - TISSU -
Auteur : DURIES Freddy
Date de création : 2009
Domaine : Peinture
Matière technique : Huile sur toile
Mesures :
Hauteur en cm : 160
Largeur en cm : 160
Description analytique : SOFT- FOCUS & STRATOS -FAIRE (On Voit Nettement Indistinctement) « Une couleur nue, en général un visible, n'est pas un morceau d'être absolument dur, insécable, offert tout nu à une vision qui ne pourrait être que totale ou nulle, mais plutôt une sorte de détroit entre des horizons intérieurs et des horizons extérieurs toujours béants, quelque chose qui vient toucher et fait résonner à distance diverses régions du monde coloré, une certaine différenciation, une modulation éphémère de ce monde. » (Merleau-Ponty, Le Visible et l'Invisible, 1979) L'enseigne (Huile sur toile 2006) nous le dit clairement dans son indéfini, on se confronte à une peinture qui se passe de mots. On la regarde en silence. Ce qui arrive est un va-et-vient de vocabulaire qui apparaît en désordre lorsque l'on fait face : vortex, percepts, fluides, membranes, tourbillons, turbulences, résurgences, émergences, interfaces, fusions, dissolutions, nébuleux, « space », effets optiques, « une présence », romantiques, automatisme, lignes de confusion, résonances, « flou artistique », passing through over into across away, désincarnation, révélation, pictorialisme, hybrides, concrétions provisoires, plis versatiles, mouvances, fulgurer, surréflexion, transports, maelström, « ressemblance informe », spires fœtales, sans dessus-dessous, bizarre, émanations, ambivalence, queue de comètes, « Flurry »... autant d’invitations à percer l’énigme de ces surfaces plasmiques. La toile, ou le support en général pour le peintre, offre bien des façons de reflets, d'attractions ou de résistances. Mais comment reconnaître la provenance de signes ? Comment dire s'ils proviennent d'un dedans ou d'un dehors ? Les tableaux de Freddy Duriès peuvent être qualifiés de « réflexifs » tant au niveau du contenu mental ou abstrait qu'au niveau de la lumière qui nous fixe tout en donnant corps à la peinture. Il cherche à saisir et à produire un état précis, un effet de réflexion immatériel en s'appuyant sur le regard, la perception et le passage du sujet visible à l'objet visuel. Le clair-obscur joue une fonction artistique opposant l'intérieur et l'extérieur, l'intangible et le matériel. Cela permet également d'augmenter la tension permanente de la forme vers l'informe, de figer les attitudes à un moment précis, de mettre en volume les formes et donner l'illusion du relief et de profondeur « à l'intérieur de la surface ». La manière picturale de· Freddy Duriès ne trace pas de ligne de partage entre la lumière et l'ombre. Pas de traces de pinceau, de coulures barbouillées, de taches manifestes, de « patouilles » expressives, de matières brutes, au profit d'un immatériel flottant. On se situe de fait dans la vision et non dans l'empreinte ou les gestes du travail de la « peinture peinture ». Un état d'absence à soi autant qu'une échappée hors de l'humain. La lumière et l'ombre effleurent les figures, modèlent les choses, débordent les cadres. Elles contribuent à la stabilité équilibrée de l'ensemble tout en animant la surface. Les Tissulaires (ancien titre de « Étoffe) sont des allégories de la peinture, un piège à lumière où le visible s'épuise dans la peinture. L'artiste économise à l'extrême les moyens de représentation et ainsi renforce l'impact visuel pour faire remonter à la surface une foule de sensations. Il multiplie les formes aux limites de l'informe. Il départicularise l'univers peint, une figuration à la surface-d'elle-même, pour obtenir une « abstraction sensible » selon l'expression d-André Malraux. La surface est un milieu d'échange. Peut-être que dans la peinture de Freddy Duriès, tout est reflet, un reflet où la figure se contemple, où elle résonne, autant qu'elle en est rejetée. Dans cette gestation des formes typiquement modernes, la séduction du Sublime y est contorsion et non état, un mouvement comme le « commencement illimité de la délimitation d'une forme » (Jean-Luc Nancy). Un effacement de la figuration, dispersion de formes dans une résurgence de la couleur et de la lumière. L'informe est visé comme l'origine de la forme toujours tapie en elle, son état de génération, son devenir, son atemporalité. Il s'agit de laisser dans chaque peinture la part d'inachevé qui laisse possible sur la même toile une infinité d'autres peintures, ce que Louis Marin nommait le « comble » de la représentation. Le présent flotte dans cette instabilité chronique, dans cette variation subtile entre permanence et instantanéité, fixation et accélération. Il y est question de dépasser une dimension intuitive, sensible pour aller au-delà, où« l'artiste se fait producteur d'un ordre qu'il invente, ou contemplateur d'un ordre qu'il découvre » (Yves Michaud). Les dessins, bien qu'anecdotiques dans le travail de Freddy, répètent cette volonté de délivrer une part d'étrangeté. Une série de formats« de bureau » à la légèreté soutenue, crayons et stylos dont la chorégraphie de lignes au lieu de serpenter en mots sur la papier, s'enroulent et voltigent dans un va-et-vient fragile, transparent mais obstiné, impulsion à l'aveugle et progression libre, labeur entêté et dérive intuitive, improvisation sémiotique et programme d'essai, une écriture automatique qui éprouve les limites (toujours l'expérience des limites) d'un perception claire entre investigation graphique et sédimentation de « ce qui se dessine tout seul ». L’expérience est toujours la même, celle d'une sorte d'abstraction fonctionnelle, celle de la figure qui rassemble les formes sur une surface d'action concentrée ou all-over, celle d'une attention ornementale particulière à ce qu'on appelait la Beauté et un regard déplacé sur le Sublime. Les« OVNls » jaillis de l'univers formel et perceptuel de Freddy Duriès oscillent par un jeu d'échanges fluides ou dialectiques entre l'apparence et l'apparition, entre l'effet volatil d'une explosion maîtrisée et la sensation comme acte commun du sentant et du ressenti. La continuité de l'image dans la peinture et la continuité de la peinture dans l'image entrent en résonance pour ouvrir un espace des possibles, permettre la genèse de toutes les formes, nourrir toutes les visions idiomatiques, et penser que l'incertain et l'improbable restent encore à peindre. Luc Jeandheur Extrait du catalogue "Première expo... et après ?", 2017
Exposition :
Référence : Première expo... et après ? Artothèque de La Réunion 24/06/2017 04/02/2018
Date de début : 2017-06-24T05:39:56.000000Z
Date de fin : 2018-02-04T05:39:56.000000Z
Description : Après leur première exposition que deviennent les artistes ? Initiée en 2001 cette série « Première exposition » vise à promouvoir un artiste débutant en lui apportant tout le soutien nécessaire à une première exposition personnelle. Au total, ce sont onze plasticiens qui ont bénéficié de ce programme lequel leur a ouvert la voie vers une professionnalisation dans les meilleures conditions. En 2014, c'est « Passage » qui poursuivra cette série. Le principe de la première exposition y est maintenu mais cette fois avec l'idée d'un parrainage, d'un passage entre un artiste reconnu qui accepte de présenter un jeune artiste dont il a perçu une créativité à encourager. 2017, semblait être un bon moment pour évaluer cette formule originale par sa volonté de soutenir la jeune création qui a ponctué, chaque année, les activités de l'Artothèque depuis 2001. Ce qui est pour eux représente une mise au point sera pour nous à l'Artothèque une sorte de bilan de cette activité prometteuse où aucun pari n'est gagné d'avance. Le métier d'artiste est un métier difficile et ceux-ci l'ont choisi en dépit des aléas inhérents à cette profession. Ils manifestent là la preuve d'un fort courage. Certains ont renoncé face au défi. Eric Grondin en 2001 ; Esther Hoareau en 2002 ; Freddy Duriès en 2003 ; Mounir Allaoui, en 2005 ; Benoît Pierre en 2007 ; Vivien Racault en 2008 et Genathena en 2014, après leur première exposition, ont tous accepté de participer à cette exposition collective, de montrer leurs dernières ouvres et le chemin parcouru depuis leurs débuts à l'Artothèque du Département de La Réunion. En suivant leur parcours, en observant leur évolution et en voyant le travail réalisé aujourd'hui, ils nous confortent dans l'idée qu'il est important de maintenir ce qui représente un concept toujours vivace et profitable aux jeunes artistes. (...) Caroline de Fondaumière Historienne de l’Art Extrait du catalogue d'exposition
Mots clés :
PEINTURE - TISSU -