ARCHIPELAGOS II

Numéro d'inventaire : 2016.01.11
Auteur : CLAIN Didier
Date de création : 2016
Domaine : Dessin
Matière technique : Dessins
Mesures :
Largeur en cm : 250
Description analytique : Le tourbillonnement L'artiste n'écarte aucun champ d'exploration. Avec une amusante désinvolture, il poursuit ses investigations sur les cartes marines cette fois-ci dessinées sur papier ou à même la paroi des salles d'exposition, débordant, ainsi, des cadres. Ces archipels associés à des constellations nous renvoient à la nécessité chez les navigateurs, pour s'orienter en mer, de regarder vers le ciel. Les voyages sont longs et risqués en raison des conditions météorologiques, des circonstances militaires et de l'état de la mer. Mais l'extraordinaire dynamisme, l'enthousiasme et le courage des navigateurs hollandais leur permettent de découvrir des routes inconnues et établir des contacts humains et commerciaux. Plus de huit mois de navigation conduiront presqu'un million d'aventureux, de marins, de militaires et de négociants hollandais, d'Amsterdam à Batavia (l'actuelle Jakarta) capitale de la V.O.C. en Asie. Ce périple où se mêlent espoir, intérêt, curiosité, joies et souffrances longe les côtes africaines et après un ravitaillement au Cap de Bonne Espérance, trois routes s'ouvrent dans !'Océan Indien : le Canal du Mozambique, les îles Mascareignes et la plus longue, lorsque les îles Saint-Paul et Amsterdam seront connues, par le détroit de la Sonde avant d'aborder les côtes chinoises et japonaises. Une fois de plus, les cartes célestes seront complétées au XVIIe siècle grâce à la contribution des navigateurs hollandais partis explorer les mers de l'hémisphère sud. Cette nouvelle cartographie des constellations s'accompagne, dès lors, de noms exotiques complétant le bestiaire existant déjà dans l'hémisphère nord (Caméléon, phénix, toucan ...). Ces lignes imaginaires, tracées dans le ciel nocturne, reliant les étoiles entre-elles forment des constellations bien réelles. Si elles semblent se mouvoir c'est simplement la rotation de la terre qui modifie leur position. Les constellations de Didier Clain épousent la voûte céleste, s'adaptent à la structure existante pour ensuite se libérer des contraintes du réel et renouveler l'imaginaire des anciens dans leurs recherches graphiques et poétiques. Dans une vision extraordinaire des« Etudes pour Archipelagos, 2015 », l’artiste s'amuse à relier les constellations du Poisson à celle du renard. Les liens sont forts autour du bateau il semble géographiquement référencé, bien arrimé dans une graphique proche d'un relevé d'archéologue. Cette documentation « scientifique », ce code graphique s'appuie sur l'histoire et la science, elle se superpose aux cartographies anciennes, elle les dépasse et se nourrit de fantastique. Ces voyages se font sur les mers et dans le ciel, le ciel devenu, ici, métaphore du rêve. A la ponctuation des constellations dans le ciel, répond celle que dessinent les îles dans l'océan. Dans cette apposition, elles se chargent, elles aussi, de fables, de fantasmes et d'utopies. L'île des utopistes est le lieu des réalités différentes, idéales, chimériques. Elle relie les strates du réel et de la fiction. « Archipélagos I » est réalisé directement sur le mur des salles d'exposition. L'artiste a souhaité ce grand format qui domine et embrasse le visiteur. Les îles qui composent cet archipel se conjuguent à des formes curieuses qui, si elles devaient être rassemblées révèleraient l'image des os du bassin d'un homme et celui d'une femme. Le dessin des îles de : « Archipelagos Ill », renvoie à celles des parties d'un corps éparpillées comme les éléments d’un puzzle (4). Dans ce rapprochement avec le corps humain, les îles prennent un relief inattendu. Didier Clain retrace, à sa manière, les lignes de l'histoire, de son histoire mais aussi celles des espaces géographiques de son île natale, dans la chair, dans le corps. Toutes ces réalités se sur-impriment dans une belle stratégie poétique où la force des possibles crée le lien. Cette identification chimérique, cette sorte de mimétisme improbable évoque immanquablement « Le rêve du papillon » de Zhaungzi dans son « Discours sur l'identité des choses » (5). Mais encore, la pluralité des réalités qui compose le rêve nous guide vers ces récits enchâssés où les rêves imbriqués les uns dans les autres rendent de plus en plus faibles les possibilités de trancher entre le tangible et la vision onirique. Ce troublant tourbillon, de certitudes et de spéculations, amarré aux « Archipelagos » de Didier Clain leur confère une force nouvelle, irréelle et magique. Les îles plus géométrisées de « Archipelagos Il » évoquent quant à elles une carte urbaine et sa déambulation mentale, son parcours de dérive. La fascination pour les grandes villes modernes se traduit ici par son horizontalité à l'image de Philadelphie, terre qui a façonné l'esprit du plasticien pendant sa formation artistique: son exotisme à lui ? (...) Caroline de Fondaumière Historienne de l'Art Extrait du catalogue « Secteur(s) réciproque(s) », 2016 (4) Il est curieux de noter que John Spilsbury qui invente en 1760 à Londres le puzzle, moyen ludique d'apprendre la géographie ait été cartographe et graveur! (5) Zhuangzi, penseur chinois du IVème siècle avant J.C. En se réveillant il ne sait plus s'il est Zhuangzi rêvant du papillon ou si c'est le papillon qui rêve qu'il est Zhuangzi.

Exposition :
Référence : Secteur(s) réciproque(s) Artothèque de La Réunion 29/10/2016 15/03/2017
Date de début : 2016-10-29T05:39:55.000000Z
Date de fin : 2017-03-15T05:39:55.000000Z
Description : Cette exposition présente le travail de l’artiste plasticien Didier CLAIN qui est une adaptation à l’Artothèque d’une présentation qui a été faite à l’Antenne parisienne du Conseil Départemental en mars de cette année. Didier CLAIN, pourtant natif de La Réunion, expose pour la première fois dans son île natale. Artiste plasticien, nous nous sommes rencontrés alors qu’il était encore étudiant et déjà sa recherche dans une photographie imprégnée de cinématographie me paraissait prometteuse. On retrouve, d’ailleurs, encore aujourd’hui le côté inquiétant et dérangeant du cinéma de David Lynch. Didier a beaucoup voyagé, il a étudié et exposé en France et aux Etats Unis. Cette exposition qui parle de territoires, d’espaces, de lieux différents et pourtant équivalents ; d’Aller/Retour en quelque sorte, souligne aussi ce goût des longues traversées maritimes ; reprenant en sens inverse, l’exemple de ses ancêtres hollandais qui déjà au 17è siècle bravaient les océans pour venir accoster sur l’île de La Réunion. Des Aller/retour, des voyages, des espaces, des mouvements : c’est son histoire. Une histoire personnelle qu’il mêle à sa recherche esthétique. Sous des formes variées, cette exposition, mêle l’art et la vie ; dans ce que Harald Szeemann commissaire de la Documenta V à Kassel en 1972 avait qualifié de « Mythologies individuelles ». Le tout avec une grande palette de créateur puisque Didier Clain passe, sans aucune difficulté, d’un médium à l’autre : dessin, photographie, installation, vidéographie ; œuvre éphémère ou « in situ » comme cette installation créée spécialement pour s’adapter à nos salles d’exposition. Avec « Secteurs réciproques » se croisent donc autobiographie et fiction, métaphores et utopies mais garde pour trame l’artiste lui-même dans une histoire réappropriée et détournée avec poésie. Caroline de Fondaumière, historienne de l'Art


Mots clés :
ILE - CARTE - IMAGINATION - DESSIN -