AUTOPORTRAIT & TATOU

Numéro d'inventaire : 2016.01.06
Auteur : CLAIN Didier
Date de création : 2010
Domaine : Photographie
Matière technique : Photographie
Mesures :
Hauteur en cm : 146
Largeur en cm : 100

Description analytique : L'"Autoportrait and tattoo", photographie en noir et blanc, montre le dos de l'artiste sur lequel est cartographié un paysage marin. Il s'expose physiquement et se dévoile psychologiquement. L'autoportrait à la carte marine ouvre cette exposition. L'artiste nous invite à le suivre, suivre les itinéraires de sa pensée, dans son univers, son histoire, sa mythologie personnelle qui participent de l'histoire de son île natale, l'ile de La Réunion qui débute au XVIIe siècle. Ce XVIIe siècle est animé par une grande révolution intellectuelle et un gigantesque bouillonnement culturel. C'est le siècle où les grandes civilisations sont en mouvement, à la rencontre les unes des autres. Dans le Sud-ouest de l'océan Indien, La Réunion, vierge île tropicale, accueille à cette époque, des peuples venus de territoires proches et lointains ; l'Europe, l'Afrique, l'Inde, la Chine ; autant d'étapes qui ponctuent la fameuse route des Indes. Une route commerciale où croisent les navires des grandes nations européennes en quête des merveilles de l'orient. La Compagnie hollandaise des Indes orientales, la V.O.C. (Vereenigde Oostindische Compagnie), créée en 1602 qui devait faire de la Hollande la plus grande des puissances européennes d'Asie, est, alors, une organisation solide, bien gérée, forte de capitaux privés et d'excellents navires qui vont se lancer dans des activités commerciales à grande échelle mais aussi dans des attaques guerrières contre les portugais (1). Ces Est lndiamen de la V.O.C, navires petits mais rapides vont rapporter de leurs périlleux voyages des trésors, un ensemble de « bizarreries », de petits objets, naturels ou artificiels mais précieux qui alimenteront la passion des collectionneurs européens lesquels les rassembleront dans des cabinets de curiosités, sorte de microcosme. Cet antre mystérieux peuplé d'animaux, de coraux, d'étoiles de mer et autres gemmes, était dédié à la méditation, à l'étude et à la réflexion sur la nature, le monde, le nouveau monde. Les peintres hollandais du XVllème siècle vont donner ses lettres de noblesse au genre pictural de la nature morte, pendant en deux dimensions, du cabinet de curiosités. Les riches et somptueuses cargaisons de ces vaisseaux, souvent abîmés en mer, victimes de naufrages ou de piraterie, témoignent, aujourd'hui encore, de cet intense échange entre l'orient et l'occident. Dans cette frénésie des compagnies vers les Indes, la cartographie nautique, la spécialité hollandaise deviendra la première et leurs cartes marines sont alors vendues dans toute l'Europe (2). Le tatouage sur le dos de l'artiste concentre, en lui, toute cette fabuleuse histoire des origines mais lui adjoint la poésie et la magie du rêve. Sur cette carte marine improbable apparaissent des indications pour localiser un trésor. Un trésor de pirate, un trésor de l'histoire gravé sur sa peau. Cette carte aux trésors vient s'imprimer sur le temps historique par une volonté de l'artiste dont on devine sur la photographie qu'il est dans son atelier. Sa création rend poreuse les frontières entre !'Histoire et l'affabulation, l'espace réel et fantasmé. Les formes graphiques de cet itinéraire sont empreintes de mystère. Comment atteindre ce trésor ? Le parcours n'indique aucun lieu mais stimule l'esprit d'aventure et de découverte. L'exploration conjointe du sensible et du fictionnel nous entraîne également vers l'expérience affective de l'espace comme le concevaient les psychogéographes (3). (...) Caroline de Fondaumière Historienne de l'Art Extrait du catalogue « Secteur(s) réciproque(s) », 2016 (1) Depuis la division du monde en deux par le traité de Tordesillas de 1494, les portugais détenaient le monopole du commerce sur la route Est des Indes, tandis que les espagnols, autre puissance maritime, se voyaient attribuée la route des Indes par l'Ouest c'est-à-dire les Amériques. (2) Caroline de Fondaumière, 2010, «Jack et le lotus bleu» in Catalogue d'exposition: «Jack Beng-Thi. Cartographie de la mémoire - Rétrospective (1990-2010)» (3) La psychogéographie est un néologisme créé par Guy Debord en 1955, qui introduit de la subjectivité dans une carte réel. Voir : « Les lèvres nues» n°6, mai 1955, Bruxelles.

Exposition :
Référence : Secteur(s) réciproque(s) Artothèque de La Réunion 29/10/2016 15/03/2017
Date de début : 2016-10-29T05:39:55.000000Z
Date de fin : 2017-03-15T05:39:55.000000Z
Description : Cette exposition présente le travail de l’artiste plasticien Didier CLAIN qui est une adaptation à l’Artothèque d’une présentation qui a été faite à l’Antenne parisienne du Conseil Départemental en mars de cette année. Didier CLAIN, pourtant natif de La Réunion, expose pour la première fois dans son île natale. Artiste plasticien, nous nous sommes rencontrés alors qu’il était encore étudiant et déjà sa recherche dans une photographie imprégnée de cinématographie me paraissait prometteuse. On retrouve, d’ailleurs, encore aujourd’hui le côté inquiétant et dérangeant du cinéma de David Lynch. Didier a beaucoup voyagé, il a étudié et exposé en France et aux Etats Unis. Cette exposition qui parle de territoires, d’espaces, de lieux différents et pourtant équivalents ; d’Aller/Retour en quelque sorte, souligne aussi ce goût des longues traversées maritimes ; reprenant en sens inverse, l’exemple de ses ancêtres hollandais qui déjà au 17è siècle bravaient les océans pour venir accoster sur l’île de La Réunion. Des Aller/retour, des voyages, des espaces, des mouvements : c’est son histoire. Une histoire personnelle qu’il mêle à sa recherche esthétique. Sous des formes variées, cette exposition, mêle l’art et la vie ; dans ce que Harald Szeemann commissaire de la Documenta V à Kassel en 1972 avait qualifié de « Mythologies individuelles ». Le tout avec une grande palette de créateur puisque Didier Clain passe, sans aucune difficulté, d’un médium à l’autre : dessin, photographie, installation, vidéographie ; œuvre éphémère ou « in situ » comme cette installation créée spécialement pour s’adapter à nos salles d’exposition. Avec « Secteurs réciproques » se croisent donc autobiographie et fiction, métaphores et utopies mais garde pour trame l’artiste lui-même dans une histoire réappropriée et détournée avec poésie. Caroline de Fondaumière, historienne de l'Art


Mots clés :
portrait - portraits - représentation humaine - genre iconographique - DOS - PARTIE DU CORPS - LE CORPS HUMAIN - ETRE HUMAIN - ANATOMIE - SCIENCES PURES - Autoportrait - TATOUAGE - ILE - MER - PALMIER - MONTAGNE - CARTE - BOUTEILLE - CHEMIN - FIGURE CRUCIFORME -